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Coopération économique algéro-française
Les obstacles politiques n'empêchent pas l'engouement des investisseurs
Publié dans El Watan le 09 - 04 - 2007

La France se situe pour l'année 2006 en seconde place des flux d'investissements directs étrangers vers l'Algérie. Du point du Medef, " il y a un intérêt soutenu des entreprises françaises pour l'Algérie " où plus de 200 entreprises françaises sont implantées avec un stock d'investissement de 1,4 milliard d'euros. Stabilité politique, réformes et ouverture de l'économie algérienne, augmentation du prix du pétrole et résultats de croissance économique favorables sont autant de facteurs favorisant l'attrait du patronat français pour le marché algérien, selon les responsables du Medef.
Paris : De notre envoyé spécial
Frileuses les entreprises françaises face au marché algérien ? Ne dites pas cela à Yves-Thibault de Silguy, président du Comité Algérie de MEDEF International, également président directeur général du géant mondial Vinci. Plus de 200 entreprises françaises sont implantées en Algérie avec un stock d'investissement de 1,4 milliards d'euros, représentant 800 emplois directs et 40 000 indirects. La France se situe pour l'année 2006 en seconde place des sources d'IDE (investissements directs étrangers) en Algérie avec un flux de 294,4 millions de dollars (une augmentation de 111 % par rapport à 2005. En 2006, pour reprendre les chiffres de la mission économique de l'ambassade de France à Alger, 989 entreprises françaises ont bénéficié de la labellisation Ubifrance - qui ouvre droit à une subvention pour toute action collective d'entreprises partageant un intérêt commun pour le marché algérien - contre 554 en 2005 et 507 en 2004. Pour M. de Silguy, le constat est parlant : " il y a un intérêt soutenu des entreprises françaises pour l'Algérie et le Comité Algérie est le plus actif de MEDEF International ". Le tableau algérien, selon lui, reste encourageant. " Stabilité politique depuis 2000, un terrorisme résiduel et non déterminant, une économie algérienne qui s'ouvre, qui se réforme, l'augmentation du prix du pétrole, 5 à 6 % de taux de croissance par an ", dit le président du groupe VINCI en insistant sur " le nouveau souffle des relations politiques entre Alger et Paris " citant la visite de Jacques Chirac en 2003 à Alger. " Et si le traité d'amitié à été temporairement mis entre parenthèses ", reconnaît-il, " il n'en demeure pas moins que la coopération s'est davantage axée sur des questions concrètes telles la formation, la politique des visas, etc. ". Mais, selon le président du Comité Algérie, " ça ne va pas aussi vite, que l'on souhaite des deux côté". Il dit croire à la " progressivité " prônée par le président Abdelaziz Bouteflika dans le processus des réformes économiques. Une démarche graduelle " bien perçue par les entreprises françaises ". Les décideurs économiques hexagonaux saisissent, selon M. de Silguy, que l'Algérie tiennent à une politique sociale équilibrée face à l'ouverture économique. C'est ainsi que sont perçus " le ralentissement des privatisation et les distances avec l'OMC". Selon M. de Silguy, la volonté d'ouverture affichée par Alger est bloqué par plusieurs problématiques : le chômage, la fuite des cerveaux, etc. Et pour les entreprises françaises restent les obstacles de " conditions d'investissement pas précises ", mais surtout " beaucoup de blocages administratifs ". Les bons points sont là aussi : de bonnes ressources humaine sur place, la réforme du foncier industriel, l'évolution du contrôle des changes, etc.
La grogne de Total
Le constat est donc toujours mitigé. Comme le décrit Jean-François Arrighi, directeur Afrique du Nord chez le groupe pétrolier Total. Le groupe est notamment associé avec Sonatrach pour l'exploitation de gisements de gaz (Timimoun) dans des roches peu poreuses qui requiert le savoir-faire du groupe français. Présent en Algérie depuis plus de cinquante ans, Total compte aujourd'hui quatre implantations principales, Hamra, Tin Fouyé Tabankort, Béchar et Timimoun, ainsi que des intérêts dans les champs de Rhourde El Khrouf et Ourhoud, via sa participation dans Cepsa. De la même manière, Total participe à l'important projet de gazoduc entre l'Algérie et l'Espagne (Medgaz). Mais voilà que la loi sur les hydrocarbures de 2005 et ses amendements de 2006 semblent jeter le froid entre Total et l'Algérie : l'on se dit troublé par l'imposition de la taxe sur les profits exceptionnels des compagnies étrangères associées à Sonatrach. Cette taxe, se demande-t-on chez Total, est-elle appliquée sur uniquement le pétrole ou également sur le gaz ? Comment va-t-elle être calculée compte tenu qu'elle est rétroactive ? La taxe est de 5% minimum et de 50% maximum, applicable à partir du 1er août 2006. Il s'agit d'"une taxe non déductible sur les profits exceptionnels réalisés par des associés étrangers, applicable à la part de production leur revenant, lorsque la moyenne arithmétique mensuelle des prix du Brent est supérieure à 30 dollars par baril". Total se dit également troublé par le fait que ALNAFT, l'agence notamment chargée des appels d'offres, ne soit pas encore opérationnelle, alors que s'approchent les prochains appels offres fin 2007. " On ne sait pas qui fait quoi ", dit-on du coté de Total. La firme américaine Anadarko, qui se sentit lésée par la nouvelle taxe a lancé quant à elle un arbitrage international.
La RATP sur les rails d'Alger ?
Mais ce n'est pas toujours noir : le chantier Algérie attire. Pierre Mongin, président directeur général de la RATP (Régie autonome des transports parisiens) dit avoir soutenu, depuis qu'il était à la tête de cette entreprise publique en juin 2006 d'être compétiteur pour l'appel d'offre pour l'exploitation du métro d'Alger. " J'ai défendu cette idée au vu de la qualité du dossier présenté par l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA), de l'historique de coopération entre nous et l'EMA et de notre connaissance du réseau d'Alger ", indique M. Mongin. D'ailleurs, en 2006 l'Entreprise du Métro d'Alger a attribué au groupement SYSTRA/RATP-Développement le contrat d'assistance pour le suivi des études, de l'aménagement et de l'installation des équipements fixes tous systèmes de la ligne 1 phase 1 du métro d'Alger (tranche ferme), y compris les stations, le matériel roulant et les ateliers. " Nous sommes très heureux d'être en Algérie ", assure l'un des promoteurs du chantier métro d'Alger, Pierre Berger, président directeur général de Vinci Construction Grands projets, qui pèse 10 milliards d'euros de chiffres d'affaire en 2006, 300 000 chantiers par an et un réseau de 2500 entreprises à travers le monde. Vinci Construction Grands Projets, dans le cadre d'un groupement composé de Siemens Transportation Systems (mandataire) et de CAF (matériel roulant), a signé début 2006 le contrat de 380 millions d'euros pour la réalisation de la première ligne du métro algérois. La part de Vinci Construction Grands Projets, d'un montant de 121 millions d'euros, comprend l'aménagement de 10 stations (9 souterraines et une aérienne), la construction d'un bâtiment technique de 16 000 m2 et des ateliers ainsi que les lots techniques liés au désenfumage, à la ventilation et aux escaliers mécaniques précise le communiqué. Un contrat qui marque le retour de Vinci - le plus grand groupe de concession-construction au monde- en Algérie, pays dans lequel le groupe avait participé, notamment dans les années 1980, à des projets importants tels que l'aérodrome d'Alger, 312 000 m2 de logements dans la wilaya de Médéa, un viaduc et un complexe sidérurgique à Oran. La durée de réalisation du projet du métro est de 35 mois, " mais nous allons demander des mesures d'accélération : travail de nuit, plus d'ouvrier, plans de travaux chevauchés ", explique M. Berger. Car il y a risque de retard : " nous avons pris le chantier en route. Il faut aussi gérer les imprévus hérités du passif du projet ", indique le P-DG. Vinci, malgré son poids international n'est pas très présent en Algérie, hormis sa part dans l'assainissement des eaux à Ouargla et le projet de transfert d'eau Sétif-Ouest. Le groupe a perdu l'appel d'offres pour l'autoroute Est-Ouest. " Nous ne somme pas parmi les plus grosses entreprises en Algérie, c'est vrai : d'abord parce que nous voulons veut faire de beau chantier, pas beaucoup de chantiers, ensuite nous prenons le temps de trouver les ressources diverses sur place en associant les entreprises locales ", dit M. Berger. Et si d'autres sociétés étrangères raflent les appels d'offres parce que moins disante financièrement, " il faut aussi regarder à côté la qualité du travail et le respect des délais ", nuance-t-il. Autre exemple de grosse présence en Algérie : Alcatel-Lucent, numéro un mondial de téléphonie, 18 milliards d'euros de chiffres d'affaire en 2006. " Nous avons contribué à l'explosion du mobile en Algérie ", lance fièrement Slimane Djellal, responsable Alcatel-Lucent pour l'Algérie. Alcatel-Lucent est le principal fournisseur d'infrastructure mobile en Algérie et le premier fournisseur dans le domaine de la commutation d'entreprise avec 65% de part de marché. Auprès d'Algérie Télécom, la société est l'un des principaux fournisseurs d'équipements de transmission, tant radio que terrestre ainsi que des solution ADSL. Début 2006, Alcatel-Lucent a été retenu par Algérie Télécom pour poursuivre le développement de son réseau d'accès haut débit. Optimistes, le leader mondial s'emploie en Algérie a affiner sa stratégie dans le domaine de la fidélisation, après que les opérateurs de téléphonie mobile ait atteint le stade de saturation. " Je vous le dis : toutes les entreprises vont revenir ", lâche Yves-Thibault de Silguy.


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