Une délégation se rendra les 2 et 3 mai prochain à Alger. La France veut à tout prix reconquérir sa place sur le marché algérien. A cet effet, le Medef a lancé hier un appel pressant aux entreprises françaises les invitant à investir «plus vite et plus loin» en Algérie. Cette invitation aux allures d'ordre, faite aux partons français, traduit l'aveu quant à la frilosité dont font montre les opérateurs de l'Hexagone, lorsqu'il s'agit de s'installer en Algérie. Dans une note adressée aux entreprises françaises, le vice-président du Medef international, M.Thierry Courtaigne, a carrément sommé ses pairs à jouer le jeu et se redéployer en force sur le marché algérien. «Certes des difficultés subsistent mais la concurrence asiatique, notamment chinoise avec l'augmentation sensible des échanges entre Alger et Pékin, l'intérêt croissant d'autres pays comme l'Italie, la Turquie ou l'Espagne dont les entreprises y sont de plus en plus présentes, la montée en puissance des Etats-Unis, nous poussent aujourd'hui à aller, nous aussi, plus vite et plus loin», écrit le vice-président. Ce dernier ne trouve aucun motif valable pour que les entreprises de son pays fassent montre de réticences par rapport à l'Algérie qui, souligne t-il, «améliore son environnement des affaires et les conditions d'exercice, accélère son processus de réformes (dérégulation de l'activité économique, privatisation, réforme bancaire, financière et juridique)". D'autant plus, poursuit-il, qu'elle a lancé un important programme d'investissement et poursuit activement son ouverture à l'international marquée par l'entrée en vigueur de l´Accord d´association avec l´Union européenne et son accession prochaine à l'OMC. Même s'il y a encore quelques difficultés, le vice président du patronat français appelle les chefs d'entreprise à relever le défi comme l'avaient déjà fait les chinois. Le Medef a vraisemblablement sensiblement révisé sa position, dans un passé récent, peu encourageante en direction des sociétés françaises.L'appel pressant est donc dû au fait que celles-ci sont, en effet, de moins en mois présentes dans les projets de réalisation lancés dans les différents domaines. Comparativement aux entreprises chinoises et espagnoles, la part des Français dans les projets reste très faible. Le message du Medef intervient, faut-il le rappeler, quelques jours après le souhait exprimé par la Coface de s'installer en Algérie. Il est en principe attendu, qu'après cet appel, les entreprises vont débarquer en force en Algérie. Afin de mieux renforcer la présence française sur notre marché, le Medef compte diversifier ses contacts. Selon son vice-président, une délégation importante du patronat français se rendra les 2 et 3 mai à Alger. De nombreuses rencontres seront organisées avec le secteur privé et les autorités algériennes pour discuter des priorités de l'Algérie et des réformes. «Nous débattrons ensemble de la manière de lever les derniers obstacles et de renforcer notre présence en Algérie», souligne le vice-président.Sur ce chapitre, le ministère français des Affaires étrangères, M.Douste- Blazy, qui était hier à Alger, a reconnu la faiblesse des investissements français. «Les investissements français en Algérie demeurent modestes par rapport aux rapports commerciaux», a-t-il souligné.Pourtant, selon le Quai d'Orsay, les stocks d'investissements directs étrangers (IDE) détenus par la France sont estimés à environ 700 millions d'euros fin 2005. Ces déclarations, qui émanent de hauts responsables, traduisent les craintes de la France de perdre du terrain.Comme elles démontrent également son intérêt croissant et sa volonté à renforcer sa présence en Algérie.Notre pays constitue, aux yeux des étrangers, en particulier les Français, l'un des plus grands marchés qui offrent des opportunités de travail et d'investissement Cet intérêt se manifeste, bien entendu, par l'importance du programme de relance économique, ainsi que par les réserves de change record estimées à 61 milliards de dollars à la fin février dernier. Donc cet engouement affiché de part et d'autre, n'est pas un pur hasard...