Addad Maamar est un ingénieur en aménagement du territoire. Il a exercé pendant 26 ans en tant que directeur régional de l'Agence nationale d'aménagement du territoire à Chlef, avant d'être mis à la retraite à sa demande, à l'âge de 55 ans. Pour les lecteurs d'El Watan, il a accepté de revenir sur de grands dossiers qui intéressent particulièrement la région dans ce domaine. En tant qu'aménagiste, vous aviez toujours défendu le rôle de métropole régionale pour Chlef ? La ville de Chlef, qui jouit d'une position géographique privilégiée, à mi-chemin entre Alger et Oran, a toujours constitué la concentration de différents secteurs (habitat, équipements structurants, services régionaux, etc.), posant en permanence de multiples interrogations aux autorités locales et centrales. Les catastrophes qu'elle a subies au cours de son évolution historique (séismes de 1934, 1954 et 1980) ont carrément bouleversé sa croissance urbaine. Des actions d'urgence ont alors façonné une ville très étalée et éclatée en entités urbaines plus ou moins indépendantes, qui exigent une gestion adaptée pour faire face aux différents besoins exprimés (réseaux d'AEP, d'assainissement, d'éclairage, maintenance de la voirie, gestion des déchets, du portefeuille du foncier et de l'habitat et des équipements divers). L'option d'un développement durable exige la prise en charge des objectifs prioritaires, tels la maîtrise de l'extension du cadre bâti, la réorganisation du tissu urbain, notamment le patrimoine immobilier en préfabriqué, la protection de l'environnement, la lutte contre les risques majeurs d'ordre naturel et le développement de la solidarité intercommunale. Cela explique-t-il la révision du PDAU ? Absolument, car toutes ces préoccupations majeures ont conduit les autorités à repenser le développement urbain et l'aménagement à travers l'étude de révision du plan directeur d'aménagement et d'urbanisation (PDAU), jusqu'à l'horizon 2020. Les réponses apportées dans cette étude, qui se veut un document d'orientation et de prévisions, procèdent d'un double souci. D'abord, assurer à la wilaya le rôle de métropole d'équilibre entre Alger et Oran, dans un espace tampon englobant les wilayas limitrophes de Tissemsilt, Relizane et Aïn Defla. Cette fonction est déjà amorcée à travers les grands projets dont elle a bénéficié, comme l'aéroport, les télécommunications, l'université, le marché de gros des fruits et légumes, les banques et services publics régionaux. On parle de l'idée d'un grand chef-lieu de wilaya… Le nouveau PDAU s'appuie effectivement sur les agglomérations satellites, Ouled Farès, Sendjas, Chettia, Oum Drou et Medjadja, qui peuvent accueillir les équipements de proximité à l'effet de réduire la pression exercée sur la ville de Chlef. Il faut dire que celle-ci, dont la population atteindra 200 000 habitants à l'horizon 2010, doit pouvoir faire face aux différents besoins qui s'expriment en matière notamment d'habitat et d'équipements structurants et de proximité. Dans cette perspective, l'option d'aménagement retenue dans le PDAU est d'en faire une ville dans la ville, c'est-à-dire intégrer le maximum de potentialités foncières encore disponibles à l'intérieur du tissu urbain, afin d'éviter les extensions démesurées, coûteuses et complexes pour leur urbanisation. L'objectif consiste à assurer la cohérence entre les entités urbaines qui forment la ville, en bénéficiant de toutes les infrastructures de base existantes. Les autorités locales en charge du développement doivent prendre en charge toutes les recommandations contenues dans l'étude du PDAU en associant les spécialistes en aménagement du territoire et en urbanisme pour la réussite de ce fabuleux programme réfléchi sous tous les aspects prévisionnels.