Quelle que soit sa stature, si le tour de taille d'un patient excède 101 cm, c'est qu'il est atteint du syndrome métabolique, et pour le sensibiliser à cette pathologie, chaque spécialiste doit avoir à côté du stéthoscope et autres instruments sophistiqués, comme l'échodoppler, le... mètre à ruban du tailleur. » C'est ce qu'a précisé à la presse le cardiologue L. Debabèche, en marge des travaux du colloque organisé dernièrement à Biskra par la Société algérienne de cardiologie dont il est le représentant au niveau de l'Est algérien. Sous le thème « Où en est la prévention cardiovasculaire ? », la journée nationale de cardiologie de l'automne 2004, qui s'est tenue dans le grand amphi de l'université de Biskra, en présence des autorités locales, a regroupé d'éminents spécialistes qui selon D. E. Nibouche, président de la SAC, « aborderont tous les aspect de la question ». Le thème choisi est d'autant plus important, comme l'a fait remarquer le ministre de la Santé dans sa lettre lue aux participants à cette rencontre que la pathologie cardiovasculaire est en progression constante dans notre pays du fait non seulement de la transition démographique qui tend à élargir la tranche des personnes âgées, mais également à la multiplicité des facteurs de risque qui sont responsables, à titre d'exemple, de 35% des décès par an en France. Parmi les facteurs de risque, qu'il faut prévenir à temps, le Pr Boughouita s'est appesanti sur les multiples complications du diabète ; le Pr Tahni a mis l'accent sur l'importance de l'activité physique préventive : la pratique d'une marche quotidienne de 30 mn, au minimum, est indispensable. L'échodoppler veineux, selon le Pr Foughali, demeure l'un des meilleurs moyens pour dépister à temps les risques de survenue de l'embolie pulmonaire. Toujours en matière de prévention, le président de la Société algérienne de cardiologie a éclairé, à son tour, l'assistance sur les diverses complications de l'hypertension et la manière d'y faire face ; enfin le Pr Bouafia a sensibilisé l'assistance, particulièrement les généralistes, au retentissement du syndrome métabolique sur toutes les pathologies en général et les maladies cardiovasculaires (MCV), en particulier, maladies qui constituent, statistiques à l'appui, le plus fort pourcentage de décès par an, dans la plupart des pays, sauf en Crète. Il ressort des débats, tous les intervenants en ont convenu, que la surcharge pondérale est en passe de devenir l'un des premiers facteurs de risque des MCV, et qui plus est se confondent avec ceux de l'athérosclérose, à savoir l'hypertension, le tabagisme, les dyslipidémies ou encore le diabète. Par ailleurs, le diagnostic précoce et la prise en charge en urgence de l'infarctus du myocarde restent l'apanage des cliniques et hôpitaux des grandes villes du pays où la thrombolyse y est largement disponible cependant, en attendant sa généralisation au reste du territoire - qui ne saurait tarder, selon le ministre - et au regard de la forte morbi-mortalité cardiovasculaire, la prévention devient une nécessité absolue de santé publique et elle concerne, de prime abord et en tous lieux, les comportements à risques. Si la lutte contre le tabagisme s'est dotée d'un arsenal réglementaire, en revanche, aucune loi n'interdit encore à qui que ce soit de continuer à s'empiffrer avec à la clé le syndrome métabolique et ses conséquences désastreuses ; le mètre à ruban du tailleur, bien mis en évidence autour du cou du praticien et utilisé à chaque consultation, à l'instar du stéthoscope, aura-t-il un effet salvateur sur tous ces cardiaques en puissance, tant il est vrai que, comme le dit l'adage populaire, bien des gens creusent prématurément leur tombe avec leurs... dents ?