La secrétaire d'Etat américaine, Condoleeza Rice, a tranché mardi sur la polémique au sujet de la volonté prêtée au Pentagone d'installer des bases militaires américaines dans la région du Maghreb. « Nous ne souhaitons pas installer des bases militaires dans aucun pays de cette région, et d'ailleurs nous sommes en train de fermer certaines de nos bases dans d'autres régions du monde. » C'est ainsi que la patronne du Département d'Etat a répondu à une question posée par un groupe de journalistes d'Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Mauritanie. Cette précision a été donnée à l'occasion d'une conférence de presse qu'elle a animée au siège de son département à l'intention des journalistes de tous les pays du monde qui participent au programme « Edward R. Murrow » qui se tient ici à Washington. Visiblement décontractée, Mme Rice a même félicité les journalistes auteurs de la question pour lui avoir permis sans doute de lever les équivoques sur un sujet qui a fait les choux gras de la presse, algérienne notamment, ces dernières semaines. Tout en balayant d'un revers de la main cette histoire de bases militaires, Condoleeza Rice a expliqué devant près de 200 journalistes parmi les plus chevronnés des Etats-Unis, que son pays se satisfait aisément de la coopération tous azimuts qu'il développe avec chacun des pays du Maghreb dans la lutte antiterroriste. « Nous essayons juste d'établir une plate-forme de coopération avec ces pays à travers l'échange du renseignement et l'organisation des exercices militaires avec les gouvernements de ces pays pour lutter efficacement contre le terrorisme », a-t-elle nuancé. La secrétaire d'Etat américaine précise que son département entretient de bons rapports avec les gouvernements des pays concernés, notamment dans le volet sécuritaire et que, à ce titre, il n'y avait pas besoin d'y installer des bases militaires qui nécessitent de gros moyens. Une précision qui a ce mérite de lever un coin du voile sur les intentions américaines au Maghreb et qui confirme les propos secs du ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, il y a un mois quand il avait exclu catégoriquement cette hypothèse. En revanche, Mme Rice a appuyé la création d'un sous-commandement militaire du Pentagone baptisé « Africom » pour lequel elle a fourni un argumentaire plutôt logistique… Condoleeza Rice estime ainsi que ce commandement répond au seul souci de « rapprocher géographiquement les forces américaines stationnées en Europe des zones des opérations en Afrique ». « Vous savez, nous souffrons terriblement du fait que nous soyons contraints de gérer les conflits en Afrique et de lutter contre le terrorisme à partir de l'Europe, nous avons donc pensé à créer ce sous-commandement qui sera basé en Afrique pour faciliter nos interventions. » La première responsable du Département d'Etat a également soutenu sa plaidoirie pour « l'Africom » par le fait que toutes les régions du monde sont couvertes militairement par les Etats-Unis, à l'exception de l'Afrique. « Il n'est pas normal que nous ayons un commandement au Proche-Orient, en Europe, en Asie et en Amérique latine, et pas en Afrique. Cela est d'autant plus vrai que ce grand continent est le plus souffrant que ce soit en termes de prolifération des maladies comme le sida ou encore par la récurrence des conflits et des foyers de tension comme au Darfour et, bien sûr, la menace terroriste. » Et s'agissant de l'Africom, Mme Rice confirme que tous les pays de la région sont favorables à cette option et qu'ils « coopèrent totalement ». Et dans la foulée, elle annonce un petit scoop aux journalistes en révélant que l'administration Bush a décidé de désigner un sous-secrétaire d'Etat adjoint chargé de manager le volet politique de ce nouveau commandement. Il sera question, concrètement, d'un partage des rôles entre le Pentagone et le Département d'Etat sur la gestion de l'Africom. On assistera donc assurément à une présence américaine plus prononcée en Afrique en général, et au Maghreb, en particulier. C'est du moins ce qu'a suggéré Mme Rice qui n'a pas caché la volonté des Etats-Unis de conquérir l'Afrique considérée jusque-là – à tort ou à raison – comme une chasse gardée de la France. Pour cause, les USA viennent officiellement de désigner un ambassadeur auprès de l'Union africaine, révèle encore Mme Rice, confirmant cette nouvelle lune de miel entre les Etats-Unis et le continent africain. « Nous devons avoir des partenaires en Afrique comme l'a déclaré le président Bush », lance la secrétaire d'Etat, rappelant au passage et avec une certaine fierté ses origines africaines ainsi que celles de son assistante, l'Egyptienne Dina Habiba Powell, qui assise juste derrière elle. Condoleeza Rice refermera le chapitre africain de son intervention en assénant ceci : « Nous sommes un bon modèle de diversité et le monde entier devrait s'en inspirer !