Le président Bush a entériné, récemment, un plan du Pentagone sur la création de l'Africom chargé de coordonner et surveiller les opérations militaires des Etats-Unis en Afrique. Après la fausse polémique générée par l'établissement d'une base militaire américaine en Algérie dans le but de contrecarrer l'activité des groupes affiliés à Al Qaîda, et «qui pourraient prendre le Maghreb et le Sahel comme rampe de lancement pour attaquer les Etats-Unis, ses intérêts ou ses ressortissants dans la région», le Pentagone négocie, ces jours-ci, avec plusieurs pays africains en vue de déplacer le commandement militaire qui se trouve en Allemagne vers un pays africain. Le Djibouti, pays de la Corne africaine, avait bel et bien proposé aux Etats-Unis de prendre pied dans ses terres, mais ceux-ci, pour des raisons évidentes, ont rejeté l'offre. Toutefois, et depuis plusieurs jours, le sous-secrétaire adjoint du Pentagone aux Affaires politiques, Ryan Henry, est en visite dans plusieurs pays africains intéressés par la «demande» américaine. Il a rencontré, en fin de semaine, des dirigeants sud-africains pour discuter d'un plan américain visant à créer un nouveau commandement régional de l'armée américaine pour l'Afrique (Africom). La visite de Henry s'inscrit dans la tournée d'une délégation américaine dans six pays (Afrique du Sud, Ethiopie, Ghana, Kenya, Nigeria, Sénégal) pour faire du lobby auprès des pays africains à propos de la création de l'Africom, un sujet qui agite le Pentagone au plus haut degré. Les Etats-Unis devront envoyer de nouvelles délégations au plus tard cette année pour poursuivre les consultations à ce sujet. Le président George W.Bush a entériné, en février dernier, un plan du Pentagone sur la création de l'Africom chargé de coordonner et surveiller les opérations militaires des Etats-Unis en Afrique. Selon Henry, l'Africom sera opérationnel à la fin de 2008, et un «général à quatre étoiles» devrait être nommé avant septembre pour diriger ce nouveau commandement, dont le siège n'a pas encore été déterminé. En mars, l'Algérie a déjà refusé d'abriter le siège du nouveau commandement des Etats-Unis, alors que les Etats-Unis avaient dit n'avoir jamais formulé pareille demande. Mohamed Bedjaoui, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, qui a effectué, récemment, à Washington, une visite de travail et de contacts politiques et diplomatiques, a pu lisser les aspérités générées par le m alentendu. Une visite ponctuée, d'ailleurs, d'un tête-à-tête avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, avant qu'elle ne quitte Washington pour une tournée au Proche et Moyen-Orient. Malgré le refus de l'Algérie d'accueillir une base militaire américaine sur son sol, tout indique qu'Alger continuera à coopérer avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme et que les choses sont définitivement entrées dans l'ordre, même si au fond, persistera pendant un certain temps, cette amère sensation partagée des deux côtés. Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, avait lui-même apporté un démenti aux informations concernant l'établissement de bases militaires américaines dans le Sahara, pour contrôler la vaste bande du Sahel, espace qui pourrait constituer une «rampe de lancement pour les groupes armés affiliés à Al Qaîda». Il avait dit: «Que les Etats- Unis cherchent à établir une base militaire en Afrique, c'est un souci qui les concerne». L'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, Robert Ford, qui avait évoqué lui aussi la question de l'établissement d'une base militaire américaine en Algérie, relancée par les déclarations du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, qui a opposé un refus catégorique à cette demande si elle venait à être formulée, avait déclaré: «Il n'existe pas de base militaire américaine en Algérie. A aucun moment nous n'avons demandé d'établir une base militaire en Algérie, et nous ne demandons pas. Moi-même, je n'ai pas entendu que des officiels américains avaient formulé pareille demande.» En fait, les Etats-Unis font face à un souci de taille, et qui est le commandement militaire américain pour l'Afrique, lequel se trouve loin du Sahel, en zone-grise, qui alimente les tensions chez les responsables de la Maison-Blanche. Washington voudrait bien que ce commandement soit déplacé vers l'Afrique. Le Sahara algérien semble avoir été une option, mais les Etats-Unis savent à quoi s'en tenir aujourd'hui. Djibouti qui s'est proposé pour ce genre de rôle, ne présente que peu d'atouts, et aujourd'hui, tout porte à croire que le Sénégal ou l'Afrique du Sud sont en pole position pour jouer ce genre de rôle...