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Préserver et promouvoir le développement de la biodiversité
BOUIRA
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2004

Fait géographique qui a son importance et qu'on ne peut observer nulle part ailleurs : la nature du calcaire de la roche qui entre pour 80% dans la formation de la montagne du Djurdjura confère à cette dernière un caractère typiquement alpin à nul autre pareil sur tout le continent africain.
Ce trait caractéristique propre à ce relief montagneux va avoir, comme on le verra plus loin en détail, deux influences négatives sur la biodiversité dont le Djurdjura offre un concentré étonnant de richesse : une forte concentration démographique autour du site (81 000 habitants) et le développement de gras pâturages. Si les pâturages prennent de plus en plus d'étendue, c'est au moyen de feux provoqués volontairement et aux dépens des espèces végétales et animales existantes dans ces milieux. L'homme qui est derrière ces actions néfastes en exerce d'autres par le biais de la chasse et du déboisement. Si l'on sait que le village d'Aït Oualbane où se trouve le plus beau site forestier compte 2000 habitants, on se rendra mieux compte de l'étendue de la dégradation permanente qu'un tel voisinage exerce sur lui. Tous ces paramètres défavorables à la microbiodiversité que représente le parc national du Djurdjura justifient la stratégie mise en place par ses responsables pour la préservation et le développement des espèces végétales et animales qui y vivent, ainsi que les ambitieux programmes de mise en valeur des terres par la plantation dans les maquis. Les amateurs de pittoresque pourront garder le souvenir de cette formidable barrière rocheuse qui culmine à près de 2308 m. Témoin impassible, elle a regardé du haut de ses étages géologiques les premiers hommes balbutier et faire leurs premiers pas. Témoin imperturbable encore, elle a assisté à la marche de l'histoire du début à nos jours. Un parc aux dimensions nationale et mondiale. Le parc du Djurdjura a été créé en 1983 par décret présidentiel et déclaré en 1997 réserve mondiale de la biosphère par l'Unesco. Cette décision, qui a fait du site un des plus protégés au monde puisque placé sous l'égide de cette institution internationale qu'est l'Unesco, est sanctionnée par un diplôme remis la même année par le MAB et que le directeur du parc national a placé en exergue dans son bureau pour montrer qu'il n'en est pas peu fier. Au départ, le parc était dit d'attractions. C'était une idée des responsables de la commune qui, pour divertir et amuser les enfants et les jeunes, avaient installé des toboggans, des balançoires et des manèges. L'entreprise connaît au début un succès immense. De nombreuses familles s'y rendaient. Mais sa gestion devenant difficile, les responsables ont laissé place à une entreprise spécialisée dans la production florale. La déconfiture de l'entreprise survenant peu après, le parc fut livré à lui-même. Des couples et des familles continuaient cependant à le fréquenter en raison du cadre féerique qu'il leur offrait. Puis l'insécurité régnant avec le terrorisme qui planait dans ces lieux sauvages à 3 ou 4 km de la ville et plus près encore de la caserne à laquelle il touche par un côté à l'ouest, le parc devait cesser définitivement de recevoir les visiteurs. Mais c'est alors que les responsables du parc national du Djurdjura qui existe déjà demandent et obtiennent après le départ de l'Emifor que le siège du parc national y soit implanté. Aujourd'hui, règnent là l'ordre et la paix à la faveur desquels prospère un petit jardin botanique renfermant 20 espèces végétales dont le merisier, le genévrier, le pin noir, le cèdre et l'absinthe. Du siège partent les directives, les projets et les initiatives en direction des quatre unités qui gèrent le parc national lequel s'étend sur une superficie de 18 550 ha. Car, ainsi que l'explique le responsable du parc, celui-ci est divisé en 4 secteurs : 2 au Nord et 2 au Sud. Ceux du Nord portent les noms de Talaghilef et Aït Ouabane et ceux du Sud, les appellations de Tikjda et Talarana (qui veut dire source en kabyle). Une variété et une prodigalité peu commune. Ce qui donne au parc du Djurdjura un statut national et international qui le classe comme faisant partie du patrimoine naturel mondial, c'est d'abord la prodigieuse variété des espèces floristiques et faunistiques qu'il renferme. Concernant la flore, les services du parc national ont recensé à ce jour 990 espèces. Celles-ci se répartissent en fonction de leur rareté en espèces endémiques (32), rares (145), très rares (70), le reste n'étant pas menacé. Ces espèces menacées de disparition, tels le pin noir du Djurdjura propre au site, le genévrier sabine, qui entre dans la catégorie des espèces très rares, font l'objet de soins particuliers de la part des groupes d'ingénieurs et de techniciens qui travaillent au parc. Afin de les préserver des conditions dégradantes de l'environnement où elles poussent, il a été prévu des réserves intégrales où elles sont à l'abri (clôtures...) La faune qui comprend 27 espèces compte elle aussi des espèces menacées telles que la hyène rayée, la mangouste, la genette et - le croirait-on ? - le lynx dont un couple avec trois petits a été surpris récemment dans sa promenade à travers le parc par un fonctionnaire. D'autres en revanche comme l'ours brun vivaient il y a 5 ou 6 siècles dans le Djurdjura d'après la datation au carbone 14 d'une machoire de ce mammifère découverte il y a peu de temps. Mais on suppose qu'il y vivait au tout début du siècle passé le lion et la panthère. Cette hypothèse est fondée sur le fait que certains lieux portent encore le nom de ces animaux en leur souvenir, tel ce pic nommé « la dent du lion » ou cet autre dit Azrou Ouriles (panthère, dans la terminologie locale). La curiosité d'une chercheuse du CNRS (en France) a été piquée à tel point, raconte le responsable du parc, que jusqu'en 1995, elle passait au parc trois à quatre mois dans le but d'étudier la faune, notamment le singe Magot unique en son genre. L'avifaune (oiseau) comprend, elle, 114 espèces dont 67 sédentaires et 47 migratoires. L'aigle, qui comprend trois sortes (l'aigle royal, l'aigle de Bonnelli et l'aigle botté), et le vautour (le vautour fauve, le percnoptère et le gypaète barbu) forment les échantillons les plus représentatifs des rapaces diurnes de la région. A cet égard, le responsable du parc fait savoir que des mesures fermes sont prises pour l'interdiction de la chasse et cite à titre d'exemple le chardonneret menacé de disparition par une chasse effrénée. L'entomofaune (insectes) n'est pas oubliée et les services du parc national ont pu dénombrer 218 espèces appartenant à 9 ordres. De même, les reptiles et les batraciens sont également préservés des actions dégradantes. « Les scientifiques affirment que le parc du Djurdjura est un labo à ciel ouvert en raison des spécimens qu'il renferme. Tous les sujets d'études sont réunis là », confie le responsable du parc national. Mais attention, avertit-il, au parc on n'est pas des scientifiques. Toutes les activités sont orientées vers la pratique et renouent avec le souci de préserver les espèces vivantes et leur milieu. Cependant, pour aider au développement de la recherche, le parc national a signé des conventions avec les universités de Tizi Ouzou et de Bab Ezzouar ou des instituts et centres de recherche comme ceux d'El Harrach et du CNRS (Paris) permettant aux chercheurs de mener leurs recherches au parc en toutes saisons.
Préserver et développer le patrimoine faunique et floristique national
Le directeur du Parc national du Djurdjura a mis en branle une nouvelle politique qui fait du développement économique local son cheval de bataille pour mener la lutte de manière efficace contre la dégradation de l'environnement. Convaincu qu'on ne peut « mettre sous cloche » le parc pour le soustraire des actes dégradants qui le menacent perpétuellement, le responsable ne tarde pas à découvrir le principal auteur de ces dégradations : l'homme. Il se pose la question : pourquoi ? Bien vite la conclusion s'impose au directeur : la pauvreté, la misère. L'homme a besoin de bois et d'espace pour faire paître ses bêtes. A propos de pâturages qui se développent au niveau du Djurdjura, le responsable du parc fera observer que c'est « la montagne la plus alpine d'Afrique », en ce sens que la roche est essentiellement calcaire (80%), par conséquent favorable à l'alpage (pâturage). Pour permettre au diss dont les bovins sont friands de pousser à profusion, les bergers mettent le feu au maquis qui est souvent à l'origine des incendies qui ravagent nos forêts. Il est permis de pratiquer l'écobuage (terrain brûlé sous surveillance), encore faut-il que toutes les autorités concernées (APC, daïra, wilaya) soient informées avant de développer les pâturages. Pour rendre compte de l'importance de la population qui vit en zone montagneuse et des conséquences désastreuses sur les écosystèmes du parc, le directeur fait savoir que la population avoisine les 75 000 à la périphérie du parc et les 6000 à l'intérieur, d'où le lancement de programmes de mise en valeur dans les maquis. Opérations consistant en le nettoyage, débroussaillage et déssouchage initiées aux côtés d'autres engagées dans le cadre de la lutte contre l'érosion (corrections torrentielles...). Toutes ces opérations sont exécutées par des équipes du parc national. Les bénéficiaires du programme n'interviennent, quand il s'agit de plantation, que dans des actions de suivi qui se résument au débinage et à l'arrosage. Des engagements signés à ce stade du déroulement des opérations lient le bénéficiaire à ces programmes pour permettre la poursuite des objectifs fixés. L'apiculture s'avère un créneau payant pour les gens qui vivent en montagne, c'est pourquoi des opérations sont lancées par le parc national dans cette direction. « On donne un module qui comprend 20 à 25 ruches et on demande au bénéficiaire de ce module de participer à hauteur de 25% », qui explique le responsable du parc. Le module, estime-t-il, représente l'équivalent de 16 millions qui peut donner jusqu'à 3 essaims par an. Avec 3000 DA le kilo de miel, sans parler de la cire que l'on peut vendre, le calcul, selon le même interlocuteur, est facile à faire. D'autres opérations encore, comme le captage des sources, la construction d'abreuvoirs et l'ouverture de pistes en direction des 68 villages existants en montagne - 36 sur le versant nord de Tizi Ouzou et 32 sur le versant sud de Bouira -, sont autant d'initiatives pour améliorer les conditions et le cadre de vie des citoyens afin de détourner de leurs actions dégradantes sur la nature et plus précisément le parc.
Un désastre écologique à échelle réduite
Tout le monde a en mémoire cette triste date, le 30 août 2000. Que s'est-il passé ce jour-là ? Il y a d'abord eu ce vent excessivement violent et chaud venant du sud. On estime les pointes à 100 km/h. Un foyer de feu se déclarait à 5 km en contrebas du parc. En moins d'une heure, affirmait le directeur du parc, il était là. La température a vite grimpé pour atteindre les 44°C. Le vent attisait le feu, rendant toute intervention des pompiers aléatoire. L'absence de pistes rendait la tâche plus compliquée encore. Quand au prix d'efforts surhumains, l'incendie fut maîtrisé, c'était 340 ha dont 145 de cèdre, cet arbre vénérable plusieurs fois centenaire qui sont partis en fumée. Ceux que le hasard ou le voyage a conduit les pas sur ce site sinistré peuvent mieux se rendre compte de l'ampleur de ce désastre écologique à échelle réduite en laissant le regard tomber sur l'immense étendue où le noir des arbres calcinés a remplacé le vert des feuillages détruits. Mais cela c'était hier et une opération de réhabilitation des lieux ravagés par le feu est engagée. L'opération sylvicole consiste à pratiquer le recépage sur le chêne vert (on garde les tiges vigoureuses et on élimine les autres) et à semer en dernier lieu les graines de cèdre. Travail de fourmi qui demande infiniment de doigté et de patience. Des rumeurs ont attribué cet incendie d'origine criminelle à des terroristes qui auraient réagi à la nouvelle selon laquelle des investisseurs étrangers séduits par le site enchanteur de Tikjda avaient voulu lancer plusieurs projets de développement. En tout cas, la ruine des structures d'accueil (chalets, hôtels...) est leur fait. Une opération de réhabilitation de ces structures est en cours. Il est même question du lancement d'un projet pour la construction d'une piste olympique qui porte le nom du gouffre d'Assouel qui plonge à 900 m de profondeur. Mais à condition qu'il n'y ait aucune construction de type hôtel ou chalet sur le site, ajoute le responsable du parc. Une perspective qui n'est pas du goût de ce responsable qui a déjà refusé des projets d'hôtellerie visant la promotion du tourisme sauvage aux dépens de la vie du parc.


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