Le séminaire sur la " Participation des compétences algériennes à l'étranger à la stratégie industrielle et à l'économie fondée sur la connaissance " organisé conjointement par le réseau Maghtech et l'Association algérienne pour le transfert de technologie, qui s'est tenu le 8 avril dernier à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), a permis de relancer le débat sur la problèmatique de l'implication des élites dans le développement du pays. Les conférenciers qui se sont succédé à la tribune, à l'instar des professeurs Abdelkader Djeflat, Abderahmane Tadjeddine, Ahmed Djebbar, Mustapha Damou, Kamel Korso et Mustapha Mekidèche ont réussi à cerner la problématique de la disponibilité au sein de notre communauté émigrée d'un important " stock de compétences " qu'il est aujourd'hui temps de transformer " en flux " au service du développement de l'Algérie. L'adresse d'un message du ministre des Participations et de la Promotion des investissements aux participants et l'intervention du président du Conseil national économique et social, ont réitéré l'engagement de l'Etat algérien à travailler dans le sens de la préparation d'un environnement favorable à une contribution massive de notre intelligentsia, où qu'elle se trouve, à l'essor du pays. Elles ont permis d'arriver à un certain nombre de conclusions et de recommandations. Au terme d'un débat fructueux, le séminaire a retenu un certain nombre de recommandations pour certaines liées à la nécessaire participation des compétences scientifiques, technologiques et entrepreneuriales d'origine algérienne vivant à l'étranger au développement d'une manière générale, et pour d'autres plus spécifiquement à leur collaboration à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle qui réserve, comme on le sait, une place centrale à l'économie de la connaissance. Parmi les conclusions tirées à l'issue des conférences et des débats on a, en substance, retenu que les compétences algériennes à l'étranger pourraient constituer une pièce maîtresse et un moyen d'accession rapide de l'Algérie à une économie fondée sur la connaissance. Que le cercle vicieux des migrations des compétences nationales tendant à appauvrir le potentiel scientifique, technologique et entrepreneurial du pays doit être rapidement brisé, car il détériore le climat des affaires et favorise chaque année davantage l'exode des élites. Pour peu qu'on les sollicite, les compétences nationales à l'étranger pourraient contribuer à l'amélioration rapide de l'environnent aussi bien pour ce qui concerne la recherche et la technologie que pour ce qui à trait à l'investissement. Une contribution qui pourrait, au gré du renforcement de la participation de notre intelligentsia, renverser en faveur de notre pays le flux de compétences. On retiendra également des conclusions retenues qu'il est aujourd'hui temps de rompre avec les perceptions et schémas devenus anachroniques en raison du nouveau contexte créé par la mondialisation et des prodigieuses avancées technologiques. Nouveau paradigme Les réalités du terrain imposent aujourd'hui de proposer un nouveau paradigme de la contribution des compétences à l'étranger reposant sur les éléments suivants : il faut impérativement passer de la notion de " stock " de compétences qui prévaut aujourd'hui à une vision de " flux ". Le passage de la fuite des compétences à la notion de circulation des compétences relativisera ainsi le lieu de résidence et le brain drain (fuite des cerveaux) sera converti en brain gain (gain de compétences). On adopterait ainsi une position de gagnant-gagnant (win/win), la libre circulation de notre intelligentsia à l'étranger pouvant contribuer aussi bien à l'amélioration des connaissances des élites locales (mise à niveau) qu'à la relance économique proprement dite. En l'insérant dans cette dynamique de complémentarité et de soutien mutuel, la dichotomie compétences internes/compétences à l'étranger qui fait actuellement barrage à la coopération entre nos deux communautés pourrait être dépassée pour laisser place à un partenariat, somme toutes prédestiné. Pour pouvoir donner une plus forte dynamique aux flux de partenariat souhaités le séminaire a fait des recommandations concrètes. Il propose de commencer par la mise à jour aussi rapide que possible des fichiers détaillés des compétences algériennes exerçant à l'étranger en ayant recours aux réseaux existants ainsi qu'aux diverses associations professionnelles des secteurs de la science, de la technologie et des affaires. La création d'une agence nationale de valorisation des compétences à l'étranger est ainsi proposée à l'effet de les faire participer à l'effort national de développement. La mise en place d'un forum électronique est également recommandée pour élargir le cercle de réflexion et d'action de notre intelligentsia en relation avec les demandes pertinentes du pays. Pour ce qui est de la participation des compétences expatriées à la mise en œuvre de la nouvelle stratégie industrielle, le séminaire a expressément recommandé de commencer par faire la plus large diffusion possible auprès de cette communauté (par le biais des réseaux associatifs concernés) des visées et articulations des redéploiements envisagés. Les informations qui devraient être aussi précises que possible leur permettront de cibler les créneaux dans lesquels ils pourraient efficacement intervenir au regard de leurs spécialités. L'intelligentsia peut beaucoup contribuer à l'innovation qui sous-tend la nouvelle stratégie industrielle en intervenant dans les champs des nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC), l'intelligence économique et autres branches scientifiques de pointe que nos cadres expatriés sont nombreux à maîtriser. Des cadres de haut niveau que l'Algérie pourrait également mettre à contribution pour former et mettre à niveau ses ressources humaines sans être obligé de les envoyer à l'étranger.