Est-il possible de parvenir à impliquer la diaspora algérienne dans l'effort du développement national ? C'est autour de cette problématique, que s'est développé un débat, organisé par le Réseau Maghtech (Maghreb Technologie) et l'Association A2t2 à l'institut de gestion et de Planification d'Alger (ISGP) dont le siège est à Bordj El Kiffan. Dans un message lu à l'assistance par un de ses collaborateurs, M. Abdelhamid Temmar, a estimé que la nouvelle stratégie industrielle doit s'inscrire dans un espace supranational et global plus vaste d'où "l'utilisation de compétences nationales et étrangères qui ne sont pas le fait du marché". Il a ajouté que "la stratégie industrielle réserve une place importante à l'intelligentsia". Elle n'est plus fondée uniquement sur l'accumulation du capital physique mais appelle à la mobilisation de "l'ensemble du potentiel économique qui devient sa priorité". L'Algérie, déplore-t-il, "recèle de compétences qui font la richesse des autres économies" et qui peuvent rendre compétitives les entreprises et l'économie nationale en général. La question est de savoir comment les mobiliser. Selon le directeur du Réseau Maghtech, "le développement des NTIC aide à la mobilité des compétences" qui peuvent agir par le biais de conseils, d'encadrement de projets… Les exemples de l'Inde, de la Chine et de l'Argentine sont révélateurs. Les investissements directs en Chine ont été à 70% le fait de la diaspora entre 1985 et 2000. L'apport des pays émergents est aussi illustré par l'exemple de l'Inde dont les chercheurs sont derrière 15% des start-up. Plus encore "40% des projets liés au NTIC à la Sillicon Valley sont le fait du pays de Gandhi", explique M. Djeflat Aujourd'hui, il faut compter avec le phénomène du vieillissement des compétences en Europe observé depuis une dizaine d'années et même vingt ans pour ce qui est de l'Allemagne qui fait appel du pied pour l'immigration des Indiens. Le retour de ces derniers dans leur pays a abouti à une formidable délocalisation des sociétés américaines. Les compétences algériennes établies à l'étranger sont nombreuses. Et les chiffres sont éloquents : 80 000 universitaires ont quitté le pays depuis 1979. Et la fuite des cerveaux ne s'arrête pas. Entre 40 000 et 60 000 Algériens sont installés en Amérique (les 2/3 au Canada) avec 63% de diplômés de l'enseignement supérieur. 7 000 médecins sur 10 000 travaillent dans les hôpitaux français. 3 000 informaticiens ont pris la poudre d'escampette de 1992 à 1996. Le monde des entreprises n'est pas en reste. Ils sont 100 000 opérateurs à activer en Europe et leurs avoirs pèsent 43 milliards, avance ce chercheur, qui cite des statistiques officielles. L'exemple de la qualité des universitaires algériens est attesté par le Dr Tadjedine, chercheur, chef de projet en sciences dures, physique et chimie. Actuellement directeur adjoint du CNRS, il témoigne des facteurs de complication de la mobilité internationale qui, outre le vieillissement cité plus haut, avance "les objectifs ambitieux des investissements en recherche- développement" dans les pays développés qui font face à une "baisse des effectifs dans les filières sciences". Farouk N.