Au premier abord, le procès qui s'ouvre ce matin au tribunal de Blida peut être compris dans le lot des affaires ordinaires. Mais à voir le cheminement pris par ce procès depuis presque 10 ans, il y a lieu de se poser des questions sur la cupidité, la tentation et l'attitude pitoyable de certains cadres de l'Etat, censés appliquer la loi qu'ils finiront par essayer de détourner à leur profit. Tout tourne autour d'un appartement à la cité des Falaises à Aïn Taya, occupé par une femme de ménage que le locataire, d'origine étrangère, avait chargée du gardiennage après son départ d'Algérie en 1993. Après des années, la femme en question a voulu régulariser sa situation auprès de l'OPGI, mais sans résultat. Pourtant, elle avait fait appel à un huissier pour l'aider dans ses démarches. Celui-ci fit appel à un ami magistrat proche du directeur de l'OPGI. Le magistrat jeta son dévolu sur ce logement, mais l'OPGI n'a rien voulu entendre. La femme, pas au bout de ses peines, s'attacha les services d'un avocat, qui, tenté lui aussi, fera tout pour s'approprier l'appartement. Devenu maire entre-temps, il usera de son pouvoir pour acquérir ce bien, face à la concurrence du magistrat qui continuera lui aussi son action pour obtenir gain de cause. Ce fut alors une véritable bataille entre les deux hommes. Arrêtés communaux contre décisions judiciaires, en dépit de tout bon sens de l'éthique et de la légalité. Fausse déclaration, intimidation, violence, tout est utilisé pour obtenir indûment un contrat. Le magistrat achète soi-disant l'appartement. Le maire détruit la façade d'entrée et occupe les lieux par la force, devant des colocataires ahuris. La femme, restée en dehors de ce conflit, s'en remet à la justice, mais l'enquête n'a jamais abouti, se soldant par un non-lieu. L'affaire monte alors à la Cour suprême qui décide de la rejuger en envoyant le dossier à un autre tribunal, celui de Blida en l'occurrence, qui traitera l'affaire en principe aujourd'hui. La justice se fait ainsi rattraper et se remet en question à son honneur pour rendre… justice en toute équité, loin des partis pris et des pressions…