La présence de personnalités politiques de premier rang dont certains ministres et l'absence de Soltani et Sidi-Saïd marquent la première journée du mégaprocès Khalifa. Le procès Khalifa, attendu depuis 2003, s'est ouvert, hier, à Blida avec deux faits marquants: l'absence du principal inculpé dans cette affaire, Rafik Abdelmoumen Khalifa et la présence de personnalités politiques de premier rang, dont certaines sont encore en exercice à l'image de mourad Medelci, ministre des Finances, Karim Djoudi, ministre délégué aux Finances dans l'actuel gouvernement et des anciennes figures que sont les anciens ministres, Terbache Mohamed, ancien ministre des Finances, Abdelmadjid Teboune, ancien ministre de l'Habitat. Et l'absence remarquée de Boudjerra Soltani, ministre d'Etat et président du MSP, de Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta, de l'actuel gouverneur de la Banque d'Algérie, Laksaci. Autre absence qui a attiré l'attention de l'assistance, celle du trio familial Kéramane Abdelouahab (ex-gouverneur de la Banque d'Algérie, Kéramane Yasmine et Kéramane Abdenour qui ne se sont pas présentés la veille du procès pour la prise de corps. Ces derniers ont été cités à la barre par la présidente de la séance, la juge Brahimi qui, en réponse au collectif d'avocats qui a voulu avoir des explications sur ces absences, a tenu un langage franc et direct: «Toute personne concernée par le procès sera appelée à comparaître si la défense juge utile sa présence. Le procureur général se chargera de l'amener au moment voulu». Mais Maître Berghal Khaled, en charge de la défense de cinq accusés, actuellement sous le coup de la détention, placera la barre très haut en demandant la présence au procès de l'ex-chef de gouvernement et chef du RND, Ahmed Ouyahia, en tant que témoin et premier responsable de l'Exécutif à l'époque de l'éclatement de l'affaire Khalifa. Ce à quoi, la présidente, du haut de sa tribune, réplique en expliquant que cette demande est hors contexte car le concerné n'a jamais été cité dans le dossier d'instruction. L'avocat, réputé par ses plaidoiries imprégnées de la chose politique, n'en démord pas pour autant et fait rappeler à son interlocutrice qu'elle a pris l'engagement courageux de faire appel à toute personne à se présenter à la barre si la défense le juge nécessaire et utile pour faire éclater la vérité. Il fera, ainsi, savoir qu'il a déjà fait sa requête en respectant la procédure judiciaire circonstanciée qu'il a envoyée au tribunal le 02 janvier, en tenant à signaler que dans cette affaire, nul n'est au-dessus de la loi et Ahmed Ouyahia est avant tout un citoyen comme tous les autres. La porte ne sera pas fermée devant cette demande puisque la présidente de la séance fera remarquer que si la situation l'exige, elle le convoquera. «La justice est au-dessus de tous! On aura des noms, laissons le temps qu'il faut, ça viendra!», s'exclame-t-elle. Cette minipolémique a planté le décor du mégaprocès attendu par tous. Prié de donner ses impressions à la suite de sa présence au procès, le ministre des Finances, Mourad Medelci, dira qu'il s'agit d'une procédure normale qui permet au tribunal d'avoir les éclaircissements nécessaires concernant le déroulement du procès. Un procès qui suscite déjà un grand engouement dans la ville de la Mitidja qui s'est réveillée, en cette journée du lundi 8 janvier, sous les coups d'un spectacle peu ordinaire. Blida, 9h du matin. Les alentours du tribunal de la ville des Roses sont bouclés par un imposant dispositif de sécurité. Une foule est agglutinée à l'entrée du bâtiment de la justice. On se croirait à l'entrée d'un stade de football sauf qu'il s'agit de la tenue de l'un des plus grands procès qu'ait connus l'Algérie: l'affaire Khalifa Bank. Une fois à l'intérieur de la salle d'audience, on se rend vite compte que ce n'est pas un procès comme les autres. Beaucoup de monde. La grande salle, spacieuse et bien éclairée est archicomble. Le carré réservé aux prévenus, rassemble une palette de hauts responsables d'entreprises publiques. Certains sont connus, d'autres non. l'autre carré est réservé au groupe de témoins. Des personnages aussi célèbres attirent l'attention. Particulièrement les visages familiers des sportifs et présidents de club. Saïd Allik, Moh Chérif Hannachi, Abdelkrim Medouar, Mohamed Raouraoua, pour ne citer que ces derniers, nous font penser à une assemblée générale de fédération de football. Même les noms de deux personnes décédées, ont été cités pour comparaître en tant que témoins dont le défunt président de l'OMR (équipe de football), Sadek Attia, décédé il y a quelques semaines dans un accident de voiture. Une omission qui suscite des interrogations sur la manière avec laquelle le dossier de cette grosse affaire est traité. D'autant plus qu'on a remarqué la présence de Belloumi Lakhdar parmi les témoins et Medjiba et Meziane Ighil dans le groupe des prévenus. Ali Aoun, président-directeur général de Saidal était aussi présent à l'audience. Bref, du beau monde. Les politiques sont aussi de la partie: ils sont cités comme témoins dans ce procès où plane l'ombre de Rafik Khalifa, actuellement réfugié en Grande- Bretagne et que les autorités algériennes ont déjà annoncé son éventuelle extradition pour les jours à venir. Assistera-t-il à une partie du procès? La question reste posée.