A Mila, comme à Grarem et Chelghoum Laïd, la population aura subi deux décennies duran, les effets néfastes de l'implantation immédiate de décharges incontrôlées, sans même l'existence d'une étude d'impact sur l'environnement. De nombreux spécialistes de la santé publique ont tiré la sonnette d'alarme sur le pullulement sauvage des décharges incontrôlées et l'incinération au quotidien de centaines de tonnes d'ordures ménagères et industrielles. Pour le cas de la décharge publique de Chelghoum Laïd, la situation est quasi dramatique, eu égard à sa localisation et à sa proximité du chef-lieu de commune et de la mégacité Boukarana. En clair, il s'agit de près de 100 000 âmes vivant sous le spectre des épais écrans de fumée charriées par les vents, dès lors qu'il est scientifiquement prouvé que les pics de pollution sont souvent responsables d'hospitalisations, d'aggravation de l'asthme et d'augmentation du taux de mortalité. Afin d'illustrer comme il se doit la dangerosité du phénomène, certains spécialistes ont été unanimes à induire que le « loup est bel et bien dans la bergerie », d'autant plus que 70% des malades admis aux consultations souffrent de complications respiratoires et d'asthme. Cette lourde pathologie, affirment-ils, est une maladie multifactorielle qui fait l'objet de recherches pointues dans des sociétés autrement plus huppées comme la France et les USA. Preuve en est qu' en 1994, 16 millions d'asthmatiques ont été dénombrés aux Etats-Unis. De son côté, un groupe de chercheurs de l'OMS, dénommé National Hurt and Blood Institute (NHBI), estimait à 160 millions le nombre de sujets atteints dans le monde en 1995, et à 200 millions en 2000. Selon nos interlocuteurs, les recherches médicales entreprises de par le monde ont confirmé que les plus sérieux vecteurs de la pollution ou « polluants incriminés » sont le monoxyde d'azote, l'acide sulfurique, l'ozone, le plomb, les particules, le chlorure et les poussières sédimentables. Ajouter à cela, les émanations toxiques générées par l'industrie des produits chimiques dans la région de Chelghoum Laïd, l'entreposage d'une moyenne de 35 à 40t/j de déchets solides au niveau de la décharge communale, et le transit infernal par le centre-ville de plus de 20 000 véhicules par jour tous types d'engins confondus, avec tout ce que cela suppose comme rejet de gaz polluants. En dépit du fait que la pollution provoque, outre l'asthme, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO), l'on aurait tout juste conclu à une prévalence qui se situerait entre 3 et 5% d'asthmatiques sur le territoire national, d'après une étude initiée à Alger en 1990. En somme, l'épée de Damoclès demeure plus que jamais suspendue au-dessus des têtes des riverains, en attendant que les projets annoncés de réalisation d'un centre d'enfouissement technique (CET) intercommunal à Mila et le lancement des programmes de gestion des déchets municipaux (Progdem) fassent leur travail.