De toutes les interrogations qui taraudent, et les responsables et la population, celle relative à la décadence de l'environnement dans les quatre coins de la wilaya de Mila semble la plus terrifiante. Pourtant, d'un côté comme de l'autre, on semble s'accommoder du phénomène nuisible du manque d'hygiène qui s'installe à tous les niveaux de la société. Les choses bougent si peu et si lentement que l'on croit percevoir que la stagnation et la léthargie sont en train de prendre le pas sur la nécessité incontournable de mise en œuvre d'un vrai plan de bataille impliquant une stratégie intelligente à l'effet d'infléchir la tendance insidieuse des ordures domestiques. Des dépotoirs encore et encore Monticules de déchets ménagers, mares d'eaux stagnantes dégageant des odeurs nauséeuses, caves inondées d'eaux fétides et gravats de construction, le tout baignant dans une lourde atmosphère empreinte de relents d'incinération de tonnes d'ordures gisantes dans les décharges incontrôlées implantées non loin des centres urbains. Notre propos concerne ici les grandes localités de la wilaya au fronton desquelles l'on pollue à bras-le-corps et à tout bout de champ, mais les responsables concernés n'en ont cure. Un silence, complice du moins, révélateur de la banalisation du cadre de vie du citoyen par la dégradation sauvage de l'environnement. La poussée vertigineuse des dépôts orduriers qui fleurissent chaque jour un peu plus, tant en milieu urbain que dans la périphérie, la menace que constitue cette épée de Damoclès suspendue sur la tête des populations par le fait de la perpétuelle mise à feu des décharges publiques, aussi bien à Chelghoum Laïd qu'à Grarem Gouga et Mila avec tout ce que cela suppose comme danger sur la santé des riverains ainsi que la propagation des eaux usées dans la nature sont symptomatiques quant aux graves dérives qui affectent l'ensemble des localités. Les eaux usées déversées en plein milieu urbain (cas des cités Kechkine et Kouf à Mila) en passant par les cours et les talwegs qui s'incrustent dans le lotissement ouest surplombant la RN 27, la prolifération sauvage du phénomène des sachets en plastique et d'autres déchets d'emballage à Chelghoum Laïd et Tadjenanet et la multiplication de monticules secondaires d'immondices et d'avaries agricoles sur les voies et les trottoirs, tel est le décor qui s'offre à vous dès que vous franchissez les limites de la plupart des 32 communes de la wilaya. Citoyens et autorités au banc des accusés Face à cette situation kafkaienne et cette saisissante réalité de délitement environnemental, l'on a l'impression que la plèbe et les pouvoirs publics ne semblent pas mesurer l'ampleur des risques que tout le monde encourt. D'un côté, des citoyens, qui le moins que l'on puisse dire, en polluant sans vergogne leur propre milieu ,et de l'autre, des services communaux qui s'échinent et se tuent à la tâche afin d'assainir les cités-dortoirs et les quartiers populeux de ces encombrantes montagnes d'ordures. L'incivisme et l'insouciance des citadins sont certes pour une grande part dans cette décadence urbaine qui ne dit pas son nom, mais force est de constater que les pouvoirs publics à leur tour se confinent dans beaucoup d'a priori dans la gestion d'un fléau aussi lancinant que la propreté des villes. Ce n'est certainement pas par hasard que les habitants de la commune de Chelghoum Laïd ont acquis cette fâcheuse tendance d'entreposer leurs sacs d'ordures, comble de l'ironie, à proximité des collecteurs d'ordures, à l'instar de plusieurs autres régions de la wilaya. Selon des sources concordantes, la trentaine de dévidoirs installés dans différents quartiers de la ville (commande passée auprès d'une entreprise domiciliée à Skikda) sont de très mauvaise conception et ne correspondent pas aux normes de collecte. A défaut de privilégier le factice au détriment du fondamental et continuer d'interférer sur l'ordre des priorités, les responsables en charge du dossier brûlant, qu'est la pollution, ont tout à gagner à mettre en œuvre un programme global et urgent de réalisation de centres d'enfouissement technique (CET), seule stratégie apte à réduire l'intensité de ce désastre ambiant.