Depuis le mois de juin, date de la fin des grands travaux du chantier et de la mise en service de la trémie Saâdi à la cité Izdihar, creusée sous la voie ferrée, Djelloul, le propriétaire du taxiphone situé juste à côté de l'ancien passage à niveau, en plus de son travail, f ait office de garde-barrière... bénévole. « C'est pour éviter que nos enfants, les passants et autres chauffeurs étourdis ne se fassent écraser par le train », répond-il à ses détracteurs, quand ils le raillent sur ce nouveau job non rémunéré. En effet, en l'absence des véritables gardes-barrières, payés par les chemins de fer algériens et que leur société a transférés, lors de l'entame du percement de la trémie, sur le site du nouveau passage à niveau, créé sur la déviation partant de la gare routière et aboutissant à la route de Touggourt, celle qui prolonge l'avenue des Zaâtcha - en direction de l'aéroport de Biskra, c'est lui, Djelloul, et tous les riverains peuvent en témoigner -, qui court fermer les barrières lorsque, trois à quatre fois par jour, les trains de marchandises annoncent de loin leur arrivée par de tonitruants coups de klaxon. Quand il arrive (rarement) à Djelloul de s'absenter de sa boutique, ce sont parfois les passants qui ferment et ouvrent les barrières, au grand dam des chauffeurs trop pressés de passer. D'ailleurs, l'un d'eux, un chauffeur de taxi, qui a voulu passer coûte que coûte en forçant la barrière que les enfants tentaient de fermer, a failli laisser sa peau quand le moteur de son véhicule, une vieille Peugeot, engagée sur les rails cala ; il fut accroché par la locomotive et traîné sur une distance de 30 m, avant que le train qui roulait à vitesse réduite ne s'arrête. Le chauffard fut quitte pour la frayeur de sa vie, alors que sa cliente, une personne âgée avait perdu connaissance en voyant la locomotive foncer sur eux. Les gens qui redoutent ce genre de spectacle se demandent jusqu'à quand ce passage à niveau, autrefois gardé H 24, devra-t-il rester sans gardes-barrières ? Jusqu'à la prochaine catastrophe routière, ironisent les mauvaises langues. Par ailleurs, les riverains dénoncent l'inertie des pouvoirs publics à propos des effets collatéraux du chantier de latrémie sur son environnement immédiat : espaces verts saccagés et laissés à l'abandon, clôture et lampadaires du côté de la voie ferrée non refaits, bien que détruits au moment des travaux, trottoirs, côté trémie, défoncés, éclairage public non rétabli, tout cela persiste encore, malgré la récente inspection de ce « projet terminé » par le ministre des Travaux publics. « Faut-il attendre l'annonce de la visite de Bouteflika à Biskra pour que les autorités compétentes bâclent, en 48 heures les travaux qu'elles auraient dû entamer depuis la fin juin ? », s'interrogent les riverains qui pâtissent de ces effets depuis 15 mois.