C'est un 2e tour à trois qui est en train de se développer. François Bayrou (18,5%) bouscule la bipolarisation droite-gauche classique. Les voix de ses électeurs sont décisives aussi bien pour Ségolène Royal que pour Nicolas Sarkozy. Appels, promesses se multiplient en direction du responsable centriste. Le candidat de l'UMP a rejeté, mercredi, contrairement à Mme Royal qui l'a souhaité, la proposition d'un débat de « clarification » avec François Bayrou. Tout en se déclarant ouvert « au dialogue », M. Sarkozy a fait valoir que les Français avaient voulu, par leur vote du 22 avril, une confrontation entre lui et la candidate socialiste. En s'ouvrant à François Bayrou et à ses électeurs, Ségolène Royal a suscité quelques grincements de dents au sein de sa formation et soulevé des inquiétudes dans la gauche. « C'est autour d'une élection présidentielle qu'une rénovation peut se faire », notait-elle devant des journalistes. « Je dois être en phase avec mon temps et le mouvement politique. » « Je suis une femme pratique (…), une femme qui s'adapte aux circonstances », a plaidé Mme Royal, mercredi sur France 2, en revendiquant une « forme d'audace » : « Je suis au-dessus des partis, bien sûr, puisque je dois rassembler un Français sur deux. (…) Il faut sortir de l'affrontement bloc contre bloc. » Mercredi soir, à Montpellier, où elle venait de tenir un meeting, la candidate du PS, du PRG et du MRC n'a pas exclu d'intégrer des ministres UDF dans son futur gouvernement. De son côté, Nicolas Sarkozy, qui s'est rallié une dizaine de parlementaires centristes, précise dans Le Monde que « tout élu de l'UDF qui soutiendra sa candidature avant le 6 mai sera dans la majorité présidentielle et recevra l'investiture de cette majorité ». L'UDF « a toute sa place dans la majorité présidentielle », déclare Nicolas Sarkozy, en n'excluant pas un rééquilibrage de son éventuelle majorité au profit des centristes. Le pôle centriste « pourra porter avec l'identité qui est la sienne les valeurs auxquelles il tient : celles de l'Europe, de l'ouverture sociale, d'une République exemplaire ». Il envisage également de constituer un « pôle de gauche » auquel il « ne demandera pas de renier son engagement, mais qui se reconnaîtra dans la nécessité de faire bouger la France sur un contrat de gouvernement de cinq ans ». « Le travail que j'ai engagé avec Eric Besson ne s'arrête pas le 6 mai si je suis élu », assure le candidat UMP en référence à l'ancien secrétaire national du Parti socialiste à l'économie. Pour sa part, François Bayrou a laissé entendre clairement qu'il ne voterait pas pour celui qui a « le goût de l'intimidation et de la menace ». Le dirigeant centriste a confirmé mercredi son intention de transformer l'UDF en « parti démocrate », qui présentera des candidats aux législatives dans toutes les circonscriptions.