Sarkozy et Royal, qui auront à en découdre le 6 mai, vont tenter de rallier, à leur camp, les indécis, mais Bayrou et Le Pen restent la clé du second tour. Et maintenant? Les résultats officiels du premier tour de l'élection présidentielle en France sont connus. Le duel classique droite-gauche marque son retour dans le paysage politique. C'est un retour à un affrontement très logique. Mais, les débats ne sont pas pour autant clos pour les autres candidats. Ceux-ci totalisent 34% des voix. Ce qui veut dire qu'ils ont encore leur mot à dire. Ce chiffre pèsera lourd au second tour. Il peut renverser totalement la tendance le 6 mai. Avec ses 18,5%, le centriste François Bayrou est l'un des arbitres du dernier round. Jusque-là, il n'a donné aucune consigne à ses électeurs. Bayrou va-t-il soutenir l'un ou l'autre? C'est la question que se posent les observateurs. A en croire ses déclarations et ses positions politiques, François Bayrou pourrait prendre pied chez Mme Royal. Le courant passe plus ou moins bien avec Ségolène Royal qu'avec Sarkozy. Au long de toute sa campagne, Bayrou, n'a pas cessé de tirer à boulet rouge sur son rival de l'UMP, alors qu'il était plus «clean» avec la candidate socialiste. Faire barrage à Sarkozy était son cheval de bataille. Les éléphants ont déjà préparé la piste d'atterrissage à M.Bayrou, à Solférino (siège du Parti socialiste). Comment? L'ancien Premier ministre, actuellement sénateur, Michel Rocard, a appelé pour une alliance PS-UDF avant le premier tour. Cette question a alimenté les débats une semaine durant. Traduction: M.Rocard était en train de nettoyer le terrain du second tour afin de couper l'herbe sous les pieds de Nicolas Sarkozy. Ce rapprochement entre les deux courants ne veut nullement dire que Mme Royal est bien servie. Même si, Bayrou penchera à gauche, il y a lieu de s'interroger si l'appel de Rocard trouvera un écho favorable dans les rangs du parti. Car, les électeurs de M.Bayrou, sont plutôt des enfants de la droite. Après le coup de froid entre le centre et la droite, un bon nombre d'électeurs lui ont emboîté le pas. Dans ce cas, Nicolas Sarkozy a de fortes chances de bénéficier du retour au bercail de ses enfants, sans faire trop de bruit. En revanche, une dispersion des voix pourrait gâcher la fête à l'un ou à l'autre. Avec la possibilité que l'électorat de Bayrou se divise entre la droite -pour barrer la route à la gauche- et la gauche. D'autant plus que François Bayrou a réussi à mordre sur l'électorat de gauche, c'est-à-dire à prendre des voix à Mme Royal. Le moment venu, François Bayrou n'exclut rien. Il animera demain une conférence de presse pour orienter ses sept millions d'électeurs. A noter que l'approche des législatives, juin prochain, peut peser sur le choix de l'UDF. Par ailleurs, Mme Royal a reçu le soutien de la gauche plurielle et l'extrême gauche. Les uns ont appelé à voter Ségolène Royal tandis que les autres ont appelé à voter contre Sarkozy. Le résultat est le même: plus de 13 points gonflent le compteur socialiste. Suite à cette donnée, Ségolène Royal pourrait comptabiliser, d'ores et déjà, environ 40% des voix. Mais attention, il y aussi les voix de l'extrême droite. Sarkozy peut compter sur les 13,4% de l'extrême droite (11% de Le Pen et 2,4% de Philippe de Villiers). Mais, vu la sensibilité et la haine qu'il y a entre les deux frères-ennemis, le terrain n'est pas totalement acquis pour Sarkozy. Le suspense reste de rigueur. La scène politique française s'échauffe de nouveau. Les deux protagonistes ont encore quinze jours de campagne et de négociations pour séduire les uns et les autres. Par ailleurs, après son échec au premier tour de 2002, la gauche marque son retour sur les devants de la scène. Ségolène Royal a frappé un bon coup. Avec ses 26% de suffrages exprimés, Mme Royal a réalisé un score nettement meilleur que celui de Lionel Jospin en 2002, en le dépassant de dix points. Excepté François Mitterrand qui a réalisé plus de 34% en 1988 et 25,8% en 1981, jamais un candidat socialiste n'a séduit autant les Français. Idem pour Nicolas Sarkozy. Depuis l'élection de Valéry Giscard d'Estaing en 1974, avec plus de 32%, au premier tour, jamais la droite n'a atteint ce chiffre. Ceci explique d'une belle manière, la course au couteau à l'Elysée entre Sarko et Ségo.