Les chiffres officiels du ministère de l'Intérieur donnaient hier matin 31,1% à Nicolas Sarkozy, 25,8% à Ségolène Royal, 18,5% à François Bayrou, 10,5% à Jean-Marie Le Pen. Aucun des 8 autres candidats n'a atteint les 5%. Paris. De notre bureau Nicolas Sarkozy (35%) et Ségolène Royal (32%) ont écrasé le vote dans la capitale, gouvernée depuis 2001 par la gauche. Un fait significatif, les banlieues de la région parisienne et les arrondissements de Paris à forte densité d'origine immigrée ont distingué Ségolène Royal, tandis que des villes plus opulentes ont choisi Nicolas Sarkozy, François Bayrou arrivant ici et là ou en troisième ou en deuxième position. Ainsi, le candidat UMP réalise un raz-de-marée dans les quartiers favorisés, culminant à 64% dans le XVIe et 58% dans le VIIIe, quartier des Champs-Elysées. La candidate PS dépasse les 40% dans les quartiers plus populaires du Nord-Est (XVIIIe, XIXe, XXe) et dans le Xe. Les Verts, une des composantes de la majorité municipale, sont laminés avec des scores compris entre 0,7% et 1,9%. Dans les banlieues de la région parisienne, Nicolas Sarkozy réalise un score plébiscitaire de 87% dans son fief des Hauts-de-Seine, Ségolène Royal l'emporte de loin dans les quartiers populaires, avec des scores souvent supérieurs à 40%. Le PCF est en déroute, voire en voie de disparition avec moins de 5% dans certaines des dernières communes qu'il dirige. Les nouveaux électeurs sont plus de trois millions sur lesquels une légère majorité s'est dégagée pour Ségolène Royal, particulièrement parmi les jeunes, notent les analystes. Plus de sept millions de Français de plus ont voté dimanche. Le total du score de la gauche représente 36% des votes exprimés. Le score de Sarkozy - 31,1% (sans les résultats des Français de l'étranger) est à rapprocher de celui de Jean-Marie Le Pen (10,5%). En effet, des électeurs qui votaient traditionnellement Front national ont donné dimanche leur voix au candidat de l'UMP. Ce qui fait dire à Jean-Marie Le Pen que Nicolas Sarkozy a fait « un hold-up » sur ses électeurs — 25% du FN ont voté pour Nicolas Sarkozy au premier tour —, et celui-ci de répondre que les voix des électeurs ne sont la propriété de personne. Nicolas Sarkozy a chassé sur les terres de Jean-Marie, tel était son dessein et il ne s'en est jamais caché et il a réussi. Le 6 mai, le président du Front national donnera-t-il consigne à ses électeurs de voter pour le candidat de l'UMP après s'en être moqué à plusieurs reprises ? Ceux qui ont voté pour François Bayrou pour faire barrage à Nicolas Sarkozy — 16% de sympathisants socialistes ont voté pour François Bayrou — voteront-ils le 6 mai pour Ségolène Royal ? Les socialistes le pensent et l'attendent. Comment fera Sarkozy pour conserver les voix acquises à l'extrême droite et gagner des voix au centre, voire à gauche ? A signaler que 20% de sympathisants de l'UDF ont voté pour lui. L'enjeu aussi bien pour Ségolène Royal que pour Nicolas Sarkozy sera d'élargir leur électorat au-delà de leur sphère traditionnelle. La clé de ce second tour ce sont les électeurs de François Bayrou (18,5%) qui la détiennent. François Bayrou sera l'arbitre suprême de ce second tour. Celui-ci a déclaré : « Je ne reviendrai pas en arrière. » A signaler un gagnant de ce premier tour, c'est le taux de participation, près de 84% et un perdant, Le Pen qui obtient son plus mauvais score à une présidentielle depuis trente-trois ans. Les partis d'extrême gauche, à l'exception de la LCR d'Olivier Benancenot, sont aussi les grands perdants de ce premier tour.