La clôture, jeudi dernier, à une heure tardive de la nuit, du deuxième colloque sur la poésie populaire et le chant bédoui a été une occasion pour le tout nouveau directeur de la Culture, M. Rabah Hamdi, à travers une courte allocution, de souligner ce trait caractéristique, novateur qui a distingué la rencontre, à voir un entrain remarquable des jeunes sur cet aspect de la culture local. Des jeunes de plus en plus nombreux à s'investir corps et âme dans la poésie populaire qu'ils voudraient expurger de ses relents traditionalistes pour l'inscrire dans la modernité, à travers le verbe recherché et dire, eux aussi, et à leur manière, les pulsions de la société, pour chanter autrement l'amour, la gloire mais aussi un certain goût de l'amertume. Trois jours durant, comme attendu, la rencontre a valu à des « chouyoukhs », pas necéssairement ceux connus sur la scène artistique faute d'invitation, de se produire à la salle des conférences Mustapha Mekki et de donner la pleine mesure de leur talent au rythme envoutant de la flute et de la gasba. Une édition qualitativement meilleure par rapport à la précédente, a estimé le principal organisateur et cheville ouvrière de cette rencontre, cheikh Khaled Mihoubi, grace, explique-t-il « à la précieuse contribution des autorités locales, à leur tête le wali ». Expression du terroir Le premier responsable de l'exécutif n'avait, en effet, lors de son discours d'ouverture, pas tari d'éloges sur ce que véhicule comme expressions et messages à destination de larges couches de la société ce genre de musique, très prisée depuis le fin fond du g'zoul, dans le sersou et au-delà, un peu partout aux quatre coins du pays. Une rencontre qui semble aussi prendre les contours d'un rassemblement annuel où jeunes cheikhs et surtout poètes voudraient voir unifier la langue du « Chiir » et que certains ne semblent pas y prêter le flanc car arguent-ils : « la chanson bédouie et son corolaire, la poésie populaire, restent l'expression même du terroir, au-delà de la sémantique usitée dans chacune des régions » et c'est dire cet antagonisme dans les approches qui s'opèrent. La diversité ne fait-elle pas finalement la richesse de notre patrimoine culturel ? clament certains. Ceci a fait dire à un poète très en vogue dans la région, Abdeljader Abid en l'occurrence, que c'est finalement la poésie populaire qui semble la plus enracinée, contrairement à celle dite moderne dans laquelle vient s'installer une certaine médiocrité à voir débiter n'importe quoi. Le plus étonnant c'est d'entendre le poète d'Oum.El Bouaghi, Hebib Saim, se courroucer contre ce qu'il appelle l'hégémonie des poètes de Tiaret, Djelfa, Laghouat et Biskra, pour laquelle il émet le vœu de voir le « Chiir s'étendre et se généraliser au-delà de la caricature dans laquelle il a été confiné ». Au-delà de ces débats d'initiés, il y a un fait notable. La communion était totale tant les Amar Zair de Tiaret, Belkacem chikhaoui de Tissemsilt, Abdelhafidh Abdelghafar de M'sila, Ali Harzallah de Biskra, en l'absence de femmes poètes comme Aouicha ont réussi à captiver les attentions par de longs poèmes élaborés qui ont fait tilt. En marge du colloque, il y eut des expositions d'arts traditionnels. Celle présentée par l'association « Asl Oua Assala » de Sougueur se distingait par la présentation de jolies scelles et autres harnachements brodés or qui font la fierté des artisans locaux. L' office communal de Sidi Hosni innova en présentant des manuscrits inédits retraçant l'histoire de Columnata et la maison des arts traditionnels de la ville de Tiaret offrait aux viiteurs de la tapisserie aux couleurs et motifs locaux.