Une thématique liée à la « situation de la poésie et du chant populaire » a su, jeudi, captiver les attentions et cerner les débats autour de la nécessité pour les poètes et chouyoukhs de « s'ouvrir sur le monde et se mettre au diapason des progrès ». Tiaret a vécu trois jours durant (du 22 au 24 avril) au rythme du chant bédoui et de la poésie populaire. Une rencontre où des représentants de différentes régions du pays se sont retrouvés pour faire parler le gallal et la flûte, à la grande satisfaction de beaucoup d'adeptes, dont une présence juvénile remarquée. La rencontre, au-delà des Qacidate et de longues Gaadate que les cheikhs Houari Relizani, Miloud et Abdallah ont su valoriser, a été aussi propice, l'espace d'une communication, pour de nombreux talents en herbe de reparler des sérieux problèmes que cette corporation rencontre. Placé sous le signe du mois du patrimoine et en hommage au digne patron de la ville de Sidi Khaled, Cheikh Mohamed Bentaiba (1898-1984), le colloque a suscité un vif intérêt auprès d'un public venu nombreux se ressourcer. Du premier jour de la manifestation jusqu'à jeudi soir, à la salle des conférences spécialement aménagée, de fortes mélopées se sont dégagées dans les airs, où des rimes se mêlaient au galal jusqu'à éteindre et faire fondre dans la nostalgie. Et que dire de ces quelques larmes ici et là écrasées pour dire l'intensité de la rencontre ? Venus donc nombreux et souvent spontanément, sans être invités, paroliers et cheikhs ont croisés le verbe dans une atmosphère gaie et empreinte d'authenticité. Le colloque, qui a vu la participation d'universitaires et de chercheurs en dépit de certains aléas organisationnels, d'une grossière dérive langagière d'un poète quelque peu narcissique et surtout méprises à l'endroit de la femme qui n'a pas eu droit de cité, s'est distingué par une intéressante communication faite par Mersi Rachid du centre universitaire de Tissemsilt. Cet enseignant universitaire, dans une thématique liée à la « situation de la poésie et du chant populaire » a su, jeudi, captiver les attentions et cerner les débats autour de la nécessité pour les poètes et chouyoukhs de « s'ouvrir sur le monde et se mettre au diapason des progrès » et valoir au riche patrimoine musical bédoui, qui reste une pratique subliminale de l'amour par la parole, de sortir comme l'ont souhaité les intervenants lors du débat d'une certaine ghettoïsation. Par le geste et la parole, le conférencier a tenté de restituer dans leur dimension réelle la poésie et le chant populaire national à voir cette présence des quatre coins du pays. Communication certes académique qui a donné lieu à une floraison d'interventions quasi syndicales sur l'état de ce genre musical très prisé par de larges couches de la société. Il est à retenir à ce titre certaines interventions (opportune ou inopportune c'est selon) comme celle fustigeant les institutions officielles qui encourageraient la médiocrité, le peu d'intérêt accordé à ce genre musical, la marginalisation de la femme (officiellement interdite de participation) et même les médias en ont eu pour leur compte car ils accorderaient peu de place dans leurs supports. « Je suis interdite de participation mais je pense avoir le droit de parler », s'exclama cette femme assidue qui voue un culte immodéré au chant et à la poésie bédouie. Madame Abed, dans une longue intervention, a su en effet replacer le rôle de la femme dans la sphère culturelle et a évoqué jusqu'à la quintessence de beaucoup de Quacidas qui puisent leur thématique centrale de la femme. Pour tout dire, ce fut une rencontre prometteuse bien que de l'avis de beaucoup de participants, « ce n'est pas l'événementiel qui va faire progresser ce genre musical », sans « une réelle prise en charge ».