De Dubaï à Riyad, de Koweït City à Kuala Lumpur, la finance islamique prend chaque jour un peu plus de poids. Selon l'agence britannique Standard et Poors, les actifs islamiques ont augmenté de 11% en moyenne au cours des dix dernières années. Paris : De notre bureau Ils auraient atteint les 500 milliards de dollars. En 2003, le chiffre était de 400 milliards, soit une progression de 100 milliards en 10 ans seulement. En France, le marché de la viande « halal » a pesé, à lui seul l'année dernière, près de 7 milliards d'euros. Le triplement des prix du pétrole entre 1999 et 2005 a généré un besoin de placement énorme de la part des investisseurs moyen-orientaux et des hommes d'affaires de la péninsule Arabique. Et même si des banques islamiques existent bel et bien dans de nombreux pays du Golfe, notamment aux Emirats arabes unis, de nouvelles institutions financières islamiques ouvrent à Londres. Elles proposent des produits « halal ». En France, c'est la filiale de la Société Générale, Fimat internationale banque qui vient de lancer trois fonds de 20 millions de dollars respectant les lois de la charia. Le procédé risque bien de faire des émules dans d'autres pays d'Europe qui cherchent à capter l'argent des milliardaires arabes pour les injecter dans leurs propres économies. Dans le Golfe, une douzaine de banques se disputent déjà ce marché lucratif. A l'image de la banque britannique HSBC qui a déployé de gros moyens pour être présente dans cette région prospère qui a vu les recettes du pétrole et du gaz atteindre 1500 milliards de dollars depuis l'année 2000. Ne voulant pas rester à l'écart de ce marché prometteur, de nombreux groupes bancaires, notamment anglophones, ont ouvert des succursales islamiques. C'est le cas de l'Islamic Bank of Britain qui vient d'ouvrir sa huitième agence sur le territoire du Royaume-Uni. La banque compte près de 30 000 personnes et propose des « produits halal » et conformes au Coran. Celui-ci est basé sur l'interdiction de toucher des intérêts. Mais IBB n'est pas la seule banque à proposer des produits financiers « halal ». Il existe aussi HSBC depuis 2003 et Lyods TSB depuis 2006. Toutes les deux cherchent à conquérir la clientèle musulmane vivant en Angleterre. En France, les banques islamiques risquent de voir le jour très bientôt, selon une analyste financière da la Société Générale. « Paris ne peut pas rester éternellement à l'écart de ce gros marché évalué à des milliards et qui profite surtout aux Anglo-Saxons. Je pense qu'après les boucheries islamiques, les rayons halals proposés par les grandes entreprises de distribution (Carrefour, Auchan et autre…), l'heure de la finance sonnera. » Et d'ajouter : « La France a tout intérêt à ouvrir vite ce marché à cause, notamment, du grand nombre de musulmans vivant en son sein et les transferts d'argent qui ont lieu entre le Maghreb, le Moyen-Orient et même un peu avec les pays du Golfe. » Quoi qu'il en soit, l'avenir de la finance mondiale ne peut pas ignorer l'apport incommensurable de l'argent arabe.