La crise des subprimes n'a pas été néfaste pour tout le monde. Le séisme financier mondial a même été au bénéfice des financements dits Hallal. Il est vrai que les subprimes ont mis a nu les carences de la finance conventionnelle à laquelle ont reproche son manque d'éthique et de moral. Aussi, la multiplication de bulles spéculatives pousse de nombreux acteurs à chercher des alternatives au modèle financier actuel. La crise y aidant, la finance islamique qui bannit l'usure, la spéculation et qui est assise sur des actifs réels sous-jacent, s'est vite imposé comme une voie à explorer. D'où la l'accélération des flux financiers hallal. Ainsi et selon une enquête du magazine The Asian Banker, les actifs des 100 plus grandes banques islamiques mondiales ont augmenté de 66% en 2008, lesquels détenaient 405 milliards d'euros d'actifs fin 2008. Au total, le secteur pèserait quelque 500 milliards d'euros. Les 100 premières banques islamiques détenaient fin 2008 des actifs de 580 milliards de dollars (405 milliards d'euros), contre 350 milliards de dollars (244,5 milliards d'euros) un an plus tôt. Durant la même période, les actifs des 300 premières banques d'Asie n'ont progressé que de 13,4%. Selon le même magazine, les banques iraniennes occupaient sept des dix premières places, tandis que les banques d'Arabie Saoudite étaient les plus rentables. La banque d'Arabie Saoudite Al Rajhi Bank affichait un produit net bancaire de 1,74 milliards de dollars (1,22 milliards d'euros), soit plus de cinq fois les bénéfices de la Bank Tejarat, la banque iranienne la plus rentable. En-dehors du Moyen-Orient, deux banques islamiques britanniques figurent dans le top 100. Le potentiel du marché bancaire islamique est estimé à 4 200 milliards de dollars par le cabinet d'expertise Standard & Poor's et les fonds islamiques pèsent, à ce jour, 500 milliards de dollars, bénéficiant d'une croissance annuelle moyenne de 15%.Selon une autre estimation, les flux financiers hallal atteignent actuellement 840 milliards de dollars. Il existe aujourd'hui environ 345 institutions de finance islamique répertoriées dans quelque 70 pays. Comment expliquer un tel essor. Selon le quotidien français Le Monde, " l'exigence de transparence des transactions, de symétrie de l'information entre les parties, de solidarité et de justice sociale que l'on retrouve dans les grands principes de la finance islamique font écho aux débats actuels sur l'absence de moralité du capitalisme ", et d'ajouter que les fonds islamiques ont prouvé leur résistance en traversant tête haute la tempête subie par la mondialisation financière. Ainsi, le rapport Jouini-Pastré de 2009 estime que " dans des pays comme le Royaume-Uni, les actifs islamiques ont continué de croître malgré la sévérité de la crise des subprimes et malgré le credit crunch qui s'en est suivi ". Cela n'a pas échappé aux ténors de la finance occidentale HSBC, le Crédit Suisse, ABN-AMRO et Deutsche, Bank qui ont créé dès les années 90 des branches dites de " finance islamique ", visant à récupérer dans leurs filets des expatriés pieux & fortunés de Londres, Paris, Amsterdam ou Madrid, ainsi que la haute bourgeoisie des Emirats et du Maghreb. Isma B.