Le Financement hallal séduit de plus en plus. La finance dite islamique s'érige comme l'une des réponses à la crise qui secoue actuellement les marchés financiers. Banissant l'usure et la spéculation, celle-ci s'impose comme seul moyen d'introduire plus d'éthique dans les transactions financières. Et cela semble avoir beaucoup d'échos même en Europe. Les chiffres rapportés sur les actifs gérés par la finance islamique dans le monde divergent allant de 256 millions de dollars, d'après un rapport du sénat français réalisé en octobre 2007, jusqu'à 500 et 700 millions de dollars, selon l'agence de notation Moody's. On estime son taux de pénétration à 11,9% à travers le monde. Son taux de croissance annuel varie entre 10 et 30% en fonction des classes d'actifs. Selon une étude de Standard and Poor's, dans les pays du Golf et l'Asie musulmane, principaux investisseurs dans ce genre de financement, 20% de la clientèle choisissent un produit financier islamique plutôt qu'un produit conventionnel.Malgré la part faible de la finance islamique sur le marché, -on l'estime à 14% seulement dans la région du Golfe-, elle a su capter l'attention sur la spécificité de ses produits. Selon un rapport réalisé par Moody's France, 60% de ces banques se trouvent au Golfe persique (hors Iran). Elles sont au nombre de 43 et sont majoritairement installées au Bahreïn (28 banques), considérées comme le hub régional de la finance islamique, malgré une part de marché ne dépassant pas 7%. Sur ce point, le Kuweït se place en première position dans la région avec 28% de part de marché et trois banques, suivi par l'Arabie saoudite ayant une part de 26% et hébergeant également trois banques. L'Asie musulmane (Malaisie, Indonésie, Pakistan) attire 20 % de ces banques sur ces territoires. A elle seule, la Malaisie compte 15 banques islamiques, dont trois en provenance du Golfe.En Europe, la Grande-Bretagne qui a créé la première banque islamique du vieux continent. La France qui compte près de 6 millions musulmans, serait prête à décréter des incitations fiscales pour attirer les banques islamiques sur son territoire. Et l'Italie qui compte ouvrir sa première banque islamique en 2009.La région du Moyen-Orient capterait à elle seule 350 millions de dollars, suivie par l'Asie du Sud - Est (100 millions de dollars), l'Europe (20 millions de dollars) et l'Amérique du nord (10 millions de dollars), selon Moody's France.Le marché des sukuks est considéré comme le marché le plus actif de la finance islamique. On lui prévoit un volume d'émissions de 150 milliards de dollars à l'horizon 2012. Sous l'effet subprime, ce volume a connu un essor remarquable ces dernières années : les suskuks locaux se sont élevés à près de 20 milliards de dollars en 2007 ; les sukuks globaux à près de 37 milliards de dollars à la même année alors qu'ils étaient au dessous de 5 milliards de dollars en 2001. Selon Moody's France, la Malaisie constitue le marché le plus dynamique. C'est un marché de gré à gré. On estime qu'elle a peu de sukuks cotés sur les marchés globaux, avec 66 milliards de dollars en stock.En fait, l'essor que connaît aujourd'hui la finance islamique à l'échelle mondiale, peut être justifié par l'intérêt que lui accordent les banques occidentales qui sont en train de développer une gamme de produits financiers islamiques. Ajoutons à cela, la présence d'une importante communauté musulmane dans des pays comme la France, l'Italie et la Grande Bretagne qui auraient l'avantage de booster leur ouverture sur la finance islamique. D'autres pays comme le Japon et la Chine ont aussi manifesté leur intérêt à développer ce genre de financement.Au Maghreb, c'est en Tunisie que le financement halal fait actuellement son entrée. Jusqu'ici une seule banque islamique existait en Tunisie : la Best Bank ou Beit Ettamouil Saoudi Tounsi, filiale d'Al Baraka Banking Group, créée en 1983. Actuellement, les choses commencent à changer. Tout récemment, une demande d'agrément pour la création d'une banque islamique tunisienne " Ezzitouna " a été déposée auprès de la Banque centrale de Tunisie, en attente d'approbation. Plus avant, la banque islamique dubaïrote " Noor " a été autorisée à installer son bureau représentatif géré par un banquier tunisien. Certains qualifieraient cette tendance d'extraordinaire. Mais le marché en Afrique du Nord semble prometteur. Une étude de l'agence Standard and Poor's estime que ce marché a un fort potentiel pour développer le financement halal sur ses territoires. L'Algérie compte deux institutions : " Al Baraka ", filiale d'Al Baraka Banking Group (Arabie saoudite) et Al Salam Bank Group, qui est déjà opérationnelle depuis octobre dernier. Le Maroc n'a pas encore de banques islamiques, sauf que des produits financiers dits islamiques sont bel et bien autorisés pour les banques conventionnelles depuis octobre 2007. Un ajustement fiscal permettant l'éventuelle installation de banques islamiques est en cours d'étude au sénat marocain.