Pris comme exemple concret afin d'animer le débat autour des crimes contre l'humanité, les massacres du 8 mai 1945 ont été commémorés lors d'un séminaire tenu hier au niveau de la salle de conférences de l'université islamique Emir Abdelkader. Le recteur de cette institution a tenu à rappeler l'atrocité de ces événements, les qualifiant de « crimes contre les Algériens innocents qui militaient pour leur liberté ». En donnant ainsi un aperçu historique de ces faits, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au jour où plus de 45 000 Algériens « ont péri sous les mains assassines de l'ennemi », l'intervenant a mis l'accent sur la nécessité d'éclaircir ces crimes et les positions à adopter sur le plan religieux. Il s'est également exprimé à propos du point de vue du président français élu récemment, qui ne reconnaît pas le fait colonial français, et voudrait par la même occasion réhabiliter l'OAS. En critiquant vivement cette position, le conférencier revendiquera un respect réciproque de la part des Français, puisqu'il dira à ce propos : « Nous avons reconnu l'occupation de l'Allemagne nazie en France, pourquoi ne feraient-ils pas de même pour nous ? » Le président de l'association du 8 Mai 1945 a, pour sa part, orienté son intervention vers la pluralité des points de vue sur le plan religieux, qui participe positivement à comprendre l'histoire, surtout que la religion a été utilisée « à mauvais escient » et comme moyen pour justifier ces « crimes ». Dans ce contexte, le docteur Touakine Ahmed, professeur de philosophie à l'université de Mascara, est intervenu pour dire que le point de vue de l'Islam est clair, puisqu'il condamne sans équivoque le crime contre l'humanité. Il donnera à cet effet des exemples de versets du Saint Coran, lesquels proposent les solutions idoines par rapport à cette problématique, expliquant au passage que l'Islam se démarque complètement de ces barbaries, et que c'est, au contraire, la religion qui prône la paix et la fraternité entre les hommes. De son côté, le père Michel, du clergé de l'Eglise catholique algérienne, dira pour étayer le point de vue de l'Islam : « Sur le plan des principes, la religion catholique comme l'Islam fait appel là ce qu'il y a de meilleur en l'homme ». Et d'ajouter : « Au plan collectif, beaucoup de croyants participent à l'aveuglement de leur société et peuvent commettre des crimes en pensant servir Dieu ». Pour lui, les deux religions se rejoignent et prônent également la paix et s'érigent en « éducatrices des consciences ».