Le bilan aurait pu être plus lourd : trois blessés sont toutefois à déplorer dans l'affaissement d'un pan de la bâtisse de style ottoman, située au 4 rue Titah à Belouizdad. Une partie de cette maison à deux niveaux, connue sous le nom de Djenan Qsab El Hind, s'est effondrée lundi à 6 h. Les huit occupants de cette bâtisse, hagards et toujours sous le choc, ne se gênent pas pour soutenir que seules les collectivités locales sont responsables de pareille situation. « Les pompiers ne se sont manifestés que longtemps après l'effondrement, pour vite décamper », soutiennent les locataires. « Depuis, rien n'est venu nous apaiser sur notre sort. La même rengaine nous est toujours servie. Chacun ne peut décider sans l'aval de l'autre. Ni le wali délégué ni M. Bodouhane, notre maire, ne se sont intéressés à notre cas. D'ailleurs, le contexte politique actuel ne s'y prête pas : les élections législatives », tonne un jeune qui assure que le P/APC est allé à la kasma et « ne compte pas venir nous rendre visite ». « Le pan, qui s'est totalement effondré, était celui de la cuisine. Il s'est fissuré en 1993. Nous avons pu le rafistoler, mais voilà qu'il s'est de nouveau écroulé en faisant des victimes », se désole un résident. Aucun « responsable » local ne s'est enquis, depuis la première alerte, en mars dernier, de la situation des habitants (voir El Watan du 1er mars 2007). « Ils auraient pu nous trouver une solution provisoire. Encore une fois, c'est la solidarité des habitants qui a joué. C'est un voisin à nous qui a mis à notre disposition son garage pour loger les femmes et les enfants. Les hommes sont restés, eux, à la belle étoile. » « Cette maison, qui tranche d'avec celles alentour, aurait pu connaître un autre destin », lancent-ils. « Le vice-président chargé de l'urbanisme, Tayeb Abdellah, avec qui on s'est entretenu, nous dira que l'exécutif ne peut rien faire. Il nous dira aussi que des dizaines de logements attendent toujours l'aval de la wilaya pour être distribués », assurent-ils encore. Les huit familles, qui se disent laissées-pour-compte, ne décolèrent pas et comptent investir la rue. « Nous ramènerons nos meubles et nous boucherons l'entrée du siège de l'APC et celle du Palais de justice si aucune solution n'est trouvée », dira un vieux qui ne veut pas entendre parler le langage « conciliateur de ses voisins ». Des policiers font un tour par cette rue. « Ils craignent un dérapage de la situation », assure-t-il en indiquant que « les responsables locaux doivent voir de ce côté-ci de la misère ». « De par leur comportement, on sent qu'on est des moins que rien », poursuit son voisin en montrant la tête de son fils en sang. Evoquant le destin qui aurait pu être réservé à cet ancien PC des forces de la Zone autonome, les occupants diront que l'Agence nationale d'archéologie (ANA) a voulu restaurer les lieux. Les dirigeants, qui se succéderont à la tête de l'agence, n'étaient pas « aussi chauds que les premiers », soutient-on. « L'ANA compte remettre en l'état cette bâtisse », a-t-on déjà annoncé en février 2004 (voir El Watan du 25 février 2004). Remontant probablement au XVIIe siècle, cette bâtisse, qui doit son nom aux bambous se trouvant dans ce jardin, était la résidence de campagne (fahs) des dignitaires ottomans. Les murs de cette demeure sont recouverts de céramiques, de mosaïques et de carreaux de Delft auxquels il faut ajouter des colonnes semi-torsadées. Une cuvette en marbre se trouve dans le patio. Rien de tout cela n'est plus vraiment visible.