Y vivre n'est guère de tout repos. Les huit familles résidantes de la maison sise au 4 rue Titah et dont une plaque située sur l'autre rue indique Djenan Ksab El Hind sont en danger. Les services de la Protection civile et ceux des services techniques de la commune de Belouizdad ont dû intervenir pour parer à un éventuel effondrement. Des inscriptions qu'ont griffonnées des enfants sur les murs renseignent, si besoin est, sur la situation de cette bâtisse de 2 à 3 étages, suivant la rue dans laquelle on se place : maison de la mort, etc. Terrassés par la peur, les résidants qu'on a rencontrés ne cachent pas leur ressentiment. La raison en est la situation qui leur est imposée par les responsables locaux. « Toutes les instances de l'Etat nous ont dit que notre maison fait partie du patrimoine du ministère de la Culture, autrement dit, celui-ci l'a répertoriée dans ses registres. Rien de tout cela n'est vrai. L'ex-Agence nationale d'archéologie (ANA), qui a promis de nous trouver une solution, s'est rétractée », assure un habitant. « Durant l'année 1993, la cuisine, comme on l'appelle, s'est effondrée et les murs qui la séparaient du reste de la maison se sont inclinés dangereusement. Comme pour avachir encore plus la situation, le séisme de mai 2003 a frappé de plein fouet la bâtisse », indique-t-il en disant que les murs gonflés par les eaux et craquelés à plusieurs endroits risquent d'ensevelir les résidants. Cette bâtisse à patio de style arabo- mauresque remonte, à en croire les résidants, à l'époque ottomane. Elle risque de s'effondrer par pan entier, sans que les autorités décident de la sauvegarder. Cette imposante bâtisse, qui tranche d'avec celles alentour, ne fut pas répertoriée par les services du ministère de la Culture dans la liste des sites à protéger. Les résidants en ont eu la confirmation après leurs multiples allers et retours chez les responsables de la culture au niveau de la wilaya d'Alger. Reste qu'il faut, comme le feront savoir ces oubliés des pouvoirs publics, sauver en premier les habitants qui y vivent avec la peur d'être ensevelis un jour sous les décombres. Quatre de ceux qui l'occupaient ont préféré rejoindre les chalets qui ont été mis à leur disposition « en raison de la promiscuité dans laquelle ils se trouvaient dans cette bâtisse qui rappelle à plusieurs égards Dar Sbitar ». « J'ai rejoint, au lendemain de l'indépendance, cette maison qui servait de PC aux forces de la Zone autonome. J'ai fait venir d'autres familles par la suite », assure Yazid Youcef, ex-fonctionnaire de la police, attristé par la situation dans laquelle se trouvent ses enfants. Les ennuis commenceront pour lui et les occupants des trois niveaux en 1974, année où il leur est indiqué qu'ils ne paieront plus de factures d'électricité ou d'eau en raison du litige qui oppose les différents services de l'Etat sur la nature de la bâtisse. Ceux-ci, en particulier le département des biens vacants et des PTT, se disputeront toujours cette bâtisse mais sans qu'aucun résultat ne soit palpable.« Dernièrement, le wali délégué de Hussein Dey, avec lequel on s'est réuni, s'en déchargera, en disant que notre problème n'est pas de son ressort. Le P/APC de Belouizdad, de son côté, nous dira qu'il n'est pas non plus responsable », s'étonne-t-il. Devant toute cette situation, les résidants en appellent à la sagesse des autorités locales.