Le tribunal criminel de Sidi Bel Abbès a condamné, hier, à la peine de mort le terroriste Bahri Djillali, alias Dib El Djiane (le loup affamé), poursuivi pour les chefs d'accusation d'« instauration d'un climat de terreur, atteinte à la sûreté de l'Etat, vol qualifié et homicide volontaire. Les faits remontent au 16 juillet 1997, selon l'arrêt de renvoi. Ce jour-là, vers 5h, un faux barrage est dressé par un groupe terroriste fortement armé, à l'embranchement des RN 97 et 98, sur l'axe routier reliant la localité de Boudjebha El Bordj à la ville de Sfisef. De nombreux véhicules sont interceptés et sommés de se ranger sur le bas-côté. Contrôle et vérification d'identité sont alors effectués par les terroristes qui procèdent, une heure plus tard, à l'exécution de trois citoyens : Talha Yahia, Boucherit Mohamed et Kettaf Abbas. « Vous les avez égorgés parce qu'ils collaboraient avec l'Etat ! », lance le juge au prévenu. L'accusé, le visage livide, dit n'avoir aucun lien avec le massacre des trois citoyens, tout en reconnaissant son appartenance au groupe qui a commis le crime. « Quelle était alors votre mission ce jour-là ? », s'interroge le juge. « Je ne faisais que suivre les instructions de l'émir. J'étais posté sur une crête d'où j'assurais la surveillance. A aucun moment je n'ai pris part au massacre », insiste-t-il. Le prévenu qui dit s'être rendu aux services de sécurité en novembre 2006 dans la commune d'El Gaâda (wilaya de Mascara) est poursuivi dans 9 affaires liées à des faits de terrorisme et inscrites au rôle de la session criminelle. Ses activités s'étendaient, selon les services de sécurité, de Djebel Stamboul, dans la wilaya de Mascara, jusqu'à Sfisef. Il a reconnu lors de son premier procès, tenu lundi, avoir fait partie de katibat Erredouane, affiliée à l'ex-GIA. Plusieurs témoins sont appelés à la barre. Troublés, presque tous affirment avoir aperçu Bahri Djillali, ce jour-là, mais sans pour autant être formels sur sa participation à l'exécution des trois citoyens sus-cités. Selon les déclarations faites au procès, de nombreux terroristes natifs de la localité de Boudjebha El Bordj, tels que Sadouni Nabi, Boudjellal Noureddine, Laradji Nabil, Miloudi Abdelkader, Bouchentouf Abed, étaient parmi le groupe terroriste qui a perpétré cette boucherie. Le témoignage de Lakhel Ahmed, rescapé de ce massacre, fait réagir l'accusé. « Quand on nous a fait descendre du véhicule, un terroriste s'est approché de moi et m'a demandé de lui remettre ma carte d'identité, laquelle à été remise à Bahri Djillali », déclare-t-il. « Donc, Bahri se trouvait sur le lieu-même où a été dressé le faux barrage ? », le questionne le juge. La réponse du témoin est instantanée : « Oui ». Après avoir contesté toute responsabilité pour les faits incriminés, Bahri se mure dans des propos équivoques et continue à plaider non coupable. A partir de cet instant, l'accusé tente de déconcerter les autres témoins, interrompant le juge à maintes reprises. Déstabilisé, il tient des propos contradictoires sur son implication dans l'assassinat des trois citoyens de Boudjebha El Bordj. Tout au long du procès, il semblait avoir été floué : « On m'avait assuré au secteur militaire que j'allais bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale », lance-t-il au juge. « Ici, vous êtes dans une cour de justice qui vous juge sur la base d'un dossier », réplique le président du tribunal, sur un ton grave. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public insistera sur l'extrême gravité des faits reprochés au prévenu et réclame la peine maximale à son encontre. Me Rahou, avocat de la défense, désigné dans le cadre de l'assistance juridique, plaide les circonstances atténuantes. Après délibérations, le tribunal criminel prononce son verdict et condamne Bahri Djillali, 51 ans, à la peine capitale.