Au moment où les services des douanes de l'aéroport Houari Boumediène connaissent une effervescence avec le large mouvement dans les rangs des inspecteurs, une visite dans les entrepôts sous douane des Pins maritimes a permis de lever un véritable lièvre. Au moins une trentaine de containers, ayant dépassé leur délai de mise à quai, contenaient une marchandise interdite à l'importation et ne correspondant pas à celle déclarée sur le manifeste. La plus importante prise concerne la saisie de 7400 sacs d'arachides (cacahuètes, pistaches, amandes...) périmées, dont 1538 sacs de 25 kg et 3700 sacs de 5 kg, représentant un poids total de près de 57 tonnes. Importés de Chine, ces produits avaient dépassé largement leur date de péremption, les rendant impropres à la consommation. Selon des sources bien informées, ils auraient été refoulés de certains ports européens avant d'être mis dans des containers pour être convoyés de Marseille à destination du port d'Alger. C'est à partir toujours du port de Marseille que 23 camions usagés démontés ainsi qu'une quantité considérable de pièces de rechange de véhicules légers ont été embarqués par des contrebandiers en direction du port d'Alger, en les déclarant comme étant du matériel électronique et des tapis. Deux autres containers avec au moins 240 000 pistolets en plastique, 8 millions d'unités de pétards ainsi que des jumelles professionnelles et des télescopes sophistiqués interdits à l'importation ont été découverts. Dans le manifeste, les propriétaires ont déclaré qu'il s'agissait de ballons pour les activités sportives. « Il est peu probable que les véritables importateurs soient ceux au nom duquel est inscrit le registre du commerce », a déclaré le directeur régional d'Alger extérieur, Regue Benamar, lors de son point de presse animé hier à l'entrepôt des Pins maritimes. Le responsable a reconnu que ces prises ont été réalisées grâce au contrôle systématique de tous les containers entreposés dans le port sec des Pins maritimes. « Depuis la fin de l'été, nous avions pris la décision de contrôler toute la marchandise contenue dans les containers. Ce qui nous a permis de découvrir que de nombreuses déclarations douanières sont fausses. Il est important de relever qu'un plan d'assainissement a été engagé par la direction générale pour faciliter le contrôle de la marchandise. De même qu'il est important de signaler que le port d'Alger reçoit entre 280 000 et 300 000 containers par an pour 800 agents de contrôle. Dans la stratégie mise en branle, il est prévu à moyen terme le renforcement des capacités d'accueil du port d'Alger, ce qui rendra la tâche des douaniers plus difficile », selon ce même responsable. A propos des opérations de saisie, M. Regue a affirmé que la valeur de celles-ci est estimée à près de 700 millions de dinars, ajoutant plus loin que cette somme ne représente rien devant les risques encourus par les usagers des produits saisis s'ils avaient été mis sur le marché national. Ces opérations ont eu lieu au moment où l'aéroport d'Alger a connu un vaste mouvement dans les rangs des inspecteurs des douanes exerçant dans cette structure. Ces changements interviennent alors qu'un nouveau plan de sécurisation de l'aéroport a été mis en place par les autorités. Ainsi, il est question de revoir toute la stratégie de sécurité dans cette enceinte aéroportuaire où les intervenants (police, Gendarmerie nationale, Protection civile, militaires, douaniers et compagnies aériennes) seront dotés de badges leur permettant l'accès uniquement à leur lieu d'intervention. De nombreuses réunions ont eu lieu avec les trois services de sécurité et l'Entreprise de gestion des aéroports (EGSA) pour mettre en place un système de sécurité plus fiable dans le but de discerner les vrais voyageurs des faux. A signaler que l'aéroport d'Alger a connu une effervescence particulière les 8 et 9 octobre derniers à la suite d'une alerte à la bombe. Un barrage de police a été installé à l'entrée de l'aéroport, engendrant un retard énorme dans le trafic. Tous les vols de ces deux journées ont été perturbés dans la mesure où de nombreux passagers, bloqués à l'entrée de l'aéroport, n'ont pu passer les formalités d'enregistrement à temps.