C'est dans une salle presque pleine d'initiés de la musique indienne que le groupe Ghandharva Veda Maharishi a dévoilé son programme. Un menu exclusivement basé sur des mélodies « raga ». Pour donner plus de senteurs à ce spectacle, un décor des plus naturels est planté. La scène est transformée en un havre de paix où se côtoient des plantes, des feuillages, des soies, des bougies... et de l'encens. L'estrade, entièrement tapissée, fait office de salon pour les trois musiciens. Assis en tailleur, les trois artistes se concentrent une ultime fois avant de se lancer dans la balance. Après avoir donné l'historique de la musique qu'ils allaient jouer, Darshan Kumari a tenu à préciser que le réajustement des instruments est une condition sine qua non juste avant le spectacle. Les instruments, dit-elle, sont très sensibles. Durant deux heures, les présents ont pu s'enivrer d'une musique qui tire ses racines de la tradition védique de l'Inde. Ce sont des rythmes et des mélodies de la nature qui étaient perçus par les sages il y a des milliers d'années. Selon ces sages antiques ou « rishis », l'exécution correcte de ces mélodies ou rara aux temps appropriés du jour et de la nuit neutralise le stress, la négativité dans l'atmosphère et reconstitue en douceur les rythmes biologiques. En effet, la structure des mélodies diffère selon les tranches horaires de la journée : « La mélodie raga est consacrée à la matinée, une autre pour le milieu de journée, une troisième pour l'après-midi et une quatrième pour la nuit. La musique ghandharva crée une influence d'harmonie et d'équilibre pour l'individu et la paix dans le monde. Cette musique est plus exactement un antidépresseur homéopathique. Aujourd'hui, elle transcende les frontières en parlant à toute la planète le langage universel de l'harmonie, de la beauté et de la paix », dira Darshan Kumau à ce sujet. Ce genre de musique antique à travers le monde diffère des autres genres musicaux car, comme le dit si bien Darshan, il obéit à plusieurs règles. L'omission de l'une d'entre elles provoquerait un déséquilibre dans le Ghandhavra Veda Maharishi. Cette musique peut être classée en musique classique authentique, basée sur des instruments musicaux « tabla » et « sitar ». Il est à noter, par ailleurs, que Darshan Kumari est née à New Delhi. Elle a reçu une première distinction au sitat auprès de Shi Raj Kumar Bali, puis plus tard auprès de Shri Jamaluddin Bhartiya, un disciple de Pandit Ravi Shankar. Elle a acquis également une formation poussée auprès du célèbre maître de la Veena, Ustad Zaimounudin Dagar. Cet ensemble de formation lui a permis de développer un style personnel pour aboutir à une expression musicale particulière lyrique et spirituelle. Elle a obtenu un diplôme de master of arts en musique à l'université du Punjab. Elle a donné plusieurs concerts un peu partout dans le monde et a enseigné le sitar au Royal Tropical Institute... et autres. En 1980, elle fonde à Amesterdam la Ripa School of Indian Music qu'elle dirige jusqu'à ce jour. Elle a également participé à la réalisation de plusieurs musiques de films. Actuellement, elle vit et enseigne son art en Hollande où elle donne souvent des concerts retransmis par la télévision nationale. Le groupe Gandharva Veda se reproduira ce soir, à 21 h, à la salle Ibn Zeydoun.