Les consommateurs algériens subissent à nouveau les effets de la forte tension exercée sur le lait, produit stratégique redevenu rare sur le marché. Les ménages, notamment les familles au pouvoir d'achat limité, pâtissent de ces crises à répétition. Mais sur un plan plus large encore, ce n'est jamais un bon signe, en termes d'image de marque, lorsque la vie économique est dominée par le cycle des pénuries. C'est une situation qui, en tout état de cause, enracine le marché à des pratiques de quasi rationnement. Cela tient à des raisons endogènes du fait que la filière du lait n'est pas autosuffisante en Algérie, et exogènes en raison du recours massif à l'importation des composants essentiels du lait par les opérateurs publics ou privés de cette filière qui n'en a pas moins connu une avancée considérable avec la multiplication des intervenants et des gammes de services. Il convient toujours de situer le lait comme un produit de première nécessité justifiant d'ailleurs une politique de soutien de son prix public par l'Etat. Si les règles du marché étaient seules à l'œuvre, le litre de lait serait inabordable pour les petites bourses. C'est l'Etat qui prend sur lui de faire la péréquation des coûts et de répondre à la nécessité de maintenir ce produit stratégique sur le marché et à celle d'assurer aux producteurs un différentiel couvrant le manque à gagner pour les producteurs qui payent leurs matières premières au prix réel. Il s'agit d'un différentiel substantiel qui au final représente des sommes colossales. Mais ce prix à payer est celui de la stabilité, car la filière du lait, et ses dérivés, ne peut pas s'interrompre brutalement sans conséquences économiques pour des milliers d'emplois qui peuvent être fragilisés ou remis en cause. D'autre part, c'est une rupture de production qui peut avoir aussi un impact social sur des populations pour lesquelles le lait est un aliment de base. C'est en cela que les acteurs de cette problématique ont à ne pas rendre complexe ce qui est simple, autrement la question du lait serait inscrite dans des enjeux politiques, voire politiciens, et certains observateurs n'ont pas manqué de voir que la tension sur le lait se ravivait sur fond de campagne électorale. Il s'en trouve pour ne pas croire que cette coïncidence soit le seul fait du hasard. Il est cependant difficile de faire un lien pertinent avec ce qui motiverait une exploitation politicienne du dossier, sauf à vouloir détourner l'attention des enjeux de la prochaine consultation électorale. On se demanderait alors en quoi il serait profitable, pour ce seul dessein au demeurant machiavélique, de priver des enfants, des personnes âgées et des convalescents de leur lait quotidien subitement devenu introuvable sur le marché.