Quelle explication donnez-vous aux récentes saisies d'opium dans les localités d'Adrar ? On a décidé de donner un bon coup d'abord pour réduire un tant soit peu la consommation de drogue et limiter la criminalité dans toutes ses formes. Il faut savoir que le trafic des stupéfiants ne cesse de prendre de l'ampleur. Les statistiques sont là pour le prouver. Depuis le mois de février, nous sommes tombés sur des cultures de cannabis. Bien entendu, cela a été suivi de saisies et d'arrestations de personnes. Le 1er février, nous avons traité une affaire durant laquelle nous avons découvert chez une personne 645 plants de cannabis et 196 g de graines de la même matière. Le 14 février, dans un quartier populaire de la ville, nous avons récupéré 149 plants de cannabis. Le 22 avril, à la périphérie de la ville, nous avons même récupéré 279 plants d'opium, 440 plants de cannabis, 1,140 g de graines de cannabis. Une personne a été arrêtée. Le 24 avril dernier, à la surprise générale, nous avons trouvé 21 plants de cannabis plantés en face d'un magasin au centre-ville. D'une manière générale, du 1er février au 24 avril 2007, nous avons récupéré 1245 plants de cannabis et 279 plants d'opium. Comment interprétez-vous l'apparition de la culture de l'opium dans la région ? Les affaires de drogue, particulièrement d'opium, ne datent pas d'aujourd'hui. Nos services ont eu déjà à en traiter en 1988. A cette époque déjà, nous avions récupéré 937 plants de cannabis et 166 plants d'opium. L'apparition de la culture du pavot remonte à une vingtaine d'années. Sachez que, depuis longtemps à Adrar, les gens cultivent certaines drogues pour leur usage personnel. Mais avec le temps, cela a pris une ampleur considérable. Cela s'explique, entre autres, par l'étendue de la wilaya d'Adrar qui est très vaste. Son territoire fait 14 fois la superficie de la Belgique. C'est 18% de la superficie du pays. L'étendue et l'inaccessibilité de certaines zones favorisent cette plantation. Il existe probablement d'autres plants sur le territoire de la wilaya. Vu les quantités saisies, peut-on imaginer l'existence de laboratoires de traitement de cette drogue ? L'enquête déterminera s'il y a des narcotrafiquants (nationaux et internationaux) en Algérie. Ce n'est peut-être pas le cas à Adrar. Il faudrait maintenant voir dans les autres régions du pays. Existe-t-il une interconnexion avec le terrorisme ? Certainement ! Il y a une jonction. Mais tant que l'enquête n'a pas abouti, on ne peut pas se prononcer. Une chose est certaine, l'argent de cette drogue sert à l'achat d'armes et de moyens roulants destinés aux terroristes ou aux contrebandiers. Peut-on parler d'existence de réseaux de la drogue à Adrar ? Les gens qui surveillent ces champs ignorent les effets néfastes de ces produits. L'enquête suit son cours. Nous en saurons plus dans les prochains jours. Les services de sécurité disposent-ils de suffisamment de moyens pour lutter contre cestrafiquants ? Notre travail se base sur le recueil de l'information. Toutefois, il nous faut des moyens roulants pour accéder à ces zones très lointaines et pourquoi pas des moyens aériens ne serait-ce que pour localiser ces zones afin d'envoyer des hommes sur place pour vérifier la nature et la qualité de ces produits.