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Abdelmalek Sayeh prévoit une saisie record de 100 tonnes de kif en 2009 Plus de 23 000 000 de personnes sont annuellement traduites en justice pour trafic de drogue
Jamais, au grand jamais, le narcotrafic n'a représenté une aussi grande menace pour l'Algérie. Pour cette année 2009, tous les records ont été battus et, seulement pour les saisies de kif, celles-ci devraient avoisiner les 100 tonnes d'ici la fin de cette année, a annoncé hier sur les ondes de la radio El Bahdja, Abdelmalek Sayeh, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLDT). Hier, le premier responsable de l'ONLDT n'a usé d'aucun euphémisme pour présenter les grands enjeux de la guerre que vit l'Algérie contre les narcotrafiquants, lesquels ne reculent devant rien pour faire prospérer leurs activités criminelles. Interpellant toutes les institutions de l'Etat et invitant tous les citoyens à s'impliquer réellement dans cette lutte contre la drogue et la toxicomanie, Abdelmalek Sayeh a révélé, lors de sa participation, hier, au forum d'El Bahdja, des chiffres qui donnent froid dans le dos. Des chiffres et des données qui mesurent l'ampleur dramatique que prend la consommation de drogue dans notre pays. Et pour cause, chaque année plus de 23 000 personnes sont poursuivies en justice pour leur implication dans la vente illicite de stupéfiants. 84 % de ces trafiquants ont moins de 35 ans. Durant les 4 premiers mois de l'année en cours, près de 38 tonnes de kif traité ont été saisies par les services de sécurité. Plus de 75 000 plants d'opium ont été récupérés dans la seule wilaya d'Adrar en 2007. En plus, la facture des dispositifs sécuritaires mis en place pour endiguer l'expansion du narcotrafic est de plus en plus «salée». Rien que dans la wilaya d'Adrar, plus de 20 000 gendarmes sont mobilisés pour traquer les réseaux des narcotrafiquants et les champs de culture des pavots à opium. Au moins 15 000 autres sont mobilisés également le long des frontières à l'ouest du pays. Mais malgré ce dispositif sécuritaire, Abdelmalek Sayeh reconnaît que les barons de la drogue exploitent la moindre carence, la moindre lacune. «On ne peut mettre un poste avancé à chaque kilomètre. Aujourd'hui, la société civile, notamment la famille, doit assumer sa responsabilité. Les citoyens ont pour devoir de dénoncer les dealers de leur quartier. Les parents doivent surveiller leurs enfants. Ils peuvent leur éviter de sombrer dans la toxicomanie. Tout le monde doit collaborer avec les services de sécurité pour protéger nos enfants de la drogue qui menace sérieusement l'avenir de notre pays», s'est écrié à ce propos le directeur général de l'ONLDT. «Certes, l'Algérie n'est pas la Colombie ou l'Afghanistan. Mais, il faut rester vigilant sinon on risque de connaître le sort de ces pays à l'avenir», poursuit notre interlocuteur qui reconnaît que la culture du pavot à opium ne cesse de se développer au sud du pays. Par ailleurs, à Toudja, à Batna, dans la Mitidja et dans d'autres régions du pays, des hectares entiers sont dédiés à la culture du cannabis. Devant une telle situation, l'ONLDT veut mettre en avant la prévention plutôt que la répression. Mais sur ce chapitre, Abdelmalek Sayeh fait son mea culpa. «Il y a un manque de sensibilisation. Un déficit de communication. Je le reconnais. Il faut aller dans les écoles, les lycées, les mosquées, les universités. Mais, l'ONLDT ne peut pas tout faire à lui seul. Nous avons besoin de l'implication de tout le monde d'autant plus que toutes nos villes, sans aucune exception, sont à présent touchées par le trafic de drogue», relève-t-il à ce sujet. Concernant la loi 04-18 du 25 décembre 2004, relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic illicites de drogue et de substances psychotropes, Abdelmalek Sayeh a déclaré qu'elle a apporté une nouvelle philosophie. Une nouvelle vision qui ne criminalise plus le toxicomane, lequel est considéré avant tout d'abord comme un malade. Grâce à cette loi, le toxicomane n'est plus «poursuivable» par la justice, comme le précise M. Sayeh. Cette loi comporte aussi des articles qui insistent sur la prise en charge du toxicomane dans des centres spécialisés. 15 de ces centres vont voir le jour prochainement à Alger, à Constantine, Oran, Béchar, Tamanrasset, et d'autres villes encore. Avec une capacité de 400 lits, chaque centre dispensera une cure de désintoxication d'une durée de 20 jours. Il faut savoir qu'en 2008, 9 636 jeunes toxicomanes ont été pris en charge au niveau de 4 CHU. De 1998 à 2008, plus de 30 000 toxicomanes ont été traités. Enfin, s'appuyant sur les résultats de l'enquête épidémiologique nationale sur la prévalence de la drogue que le centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement est en train de réaliser dans les 48 wilayas, l'ONLDT élabore une deuxième stratégie nationale de lutte contre la drogue pour le quinquennat 2009-2014. L'occasion de tirer les leçons des erreurs commises par le passé et de réadapter le plan directeur national de lutte contre la drogue à la nouvelle cartographie du trafic des stupéfiants en Algérie.