L'inspecteur général du groupe Eriad d'Alger a tenu à préciser lors de la réunion tenue le 10 mai 2005, les bonnes intentions et la volonté de son groupe à régler tous les problèmes antérieurs de l'ex-filiale de la Biscuiterie de Cherchell. « Nous sommes là pour trouver des solutions qui seront sanctionnées par un PV. La décision de régularisation de ces problèmes sera prise dans 24 heures et mes engagements seront tenus », a-t-il déclaré devant la quinzaine de personnes, représentant les parties impliquées dans le processus de privatisation, y compris les Turcs. Privatisation à la hussarde L'opération de privatisation de la Biscuiterie de Cherchell, qui relève de l'Eriad d'Alger, avait eu lieu en grande pompe lors d'une cérémonie, qui avait regroupé les syndicalistes, à leur tête le secrétaire général de l'UGTA, les responsables de la SGP et ceux du groupe Eriad d'Alger, à l'hôtel Mercure d'Alger. Le Turc Ozmeric Ahmet Fatih détient 42 000 actions, les travailleurs de la Biscuiterie de Cherchell, dont le nombre dépasse 170, possèdent 4800 actions, l'entreprise algérienne Flash 1195 actions et les frères Boumaraf 5 actions, soit au total 48 000 actions. Chaque action coûte 10 000 DA. Le 10 février 2005, le conseil d'administration de la société Biscuiterie de Cherchell confirme, dans la résolution n°4, que la valeur comptable brute cessible est de 935 000 427,60 DA, correspondant à une valeur nette comptable de 441 693 239,90 DA. Les appréhensions des travailleurs affichées dès l'entame de l'opération de privatisation à la hussarde de cette biscuiterie se sont avérées fondées. Deux années plus tard, les travailleurs, lassés par l'indifférence et le mépris, veulent vendre à leur tour leurs actions. Ils estiment qu'ils ont été lâchés et n'ont plus les moyens de lutter pour faire face à cet imbroglio de privatisation. Leur affaire traîne également au niveau du tribunal d'El Harrach depuis mai 2006. Ils considèrent que cette opération de privatisation dissimule très mal le véritable objectif. Ils exhortent les hautes autorités du pays à exiger une enquête sur cette opération de bradage d'un patrimoine du secteur de l'agroalimentaire de l'Etat, et la manière avec laquelle ce patrimoine a été cédé, tout comme ils demandent que soit décortiquée toute cette série de chiffres et d'écritures comptables qui avaient fait accélérer la procédure de privatisation, afin de mettre les gens devant le fait accompli, au détriment de l'intérêt de l'Etat. Situation incertaine 24 mois après, les engagements pris par le désormais ex-inspecteur général du groupe Eriad Alger n'ont pas vu le jour, tandis que la situation de plusieurs dizaines de travailleurs demeure toujours à l'état initial. Pendant ce temps, le Turc et son partenaire algérien font tourner les machines pour accumuler les profits en usant de tous les moyens, selon ces anciens travailleurs. Nos interlocuteurs nous ont rappelé cette histoire du stock de 54 000 pièces de chocolat périmées qui représentent une quantité de 47 tonnes, découvertes dans les magasins du complexe par les fonctionnaires de l'administration du commerce de la wilaya de Tipaza, lors d'une opération de contrôle. Ces dizaines de tonnes de chocolat avaient été détruites. Le tribunal de Cherchell avait condamné à 2 millions de centimes cette usine privatisée qui, faut-il le souligner, avait recruté du personnel pour augmenter et rentabiliser les capacités de production de biscuits.