L'Algérie se targue d'avoir les taux de présence féminine les plus élevés au monde dans d'importants secteurs d'activité (enseignement, médecine, magistrature...) Mais l'autre face de la médaille est que le pays est bien mal classé dans le palmarès des femmes élues, loin derrière ses voisins maghrébins les Assemblées nationales de Tunisie, du Maroc et de Mauritanie comptent respectivement 28%, 8% et 22% de femmes. En effet, les listes proposées par la vingtaine de partis politiques qui briguent la députation sont quasiment « masculines », à l'exception de quelques partis. Est-ce à dire que les femmes algériennes doivent encore patienter pour se voir admises en nombre suffisant dans les institutions législatives (APN et Sénat) ? « En tout cas, leur nombre ne fera pas date le 17 mai 2007, jour du renouvellement de l'APN », soupire une militante de la condition féminine. Le scrutin porte sur le renouvellement de 389 députés de l'APN, qui comptait jusqu'à présent seulement 24 femmes (6%). Quant au Conseil de la nation, il ne compte que 4 femmes pour 144 membres. Cependant, si l'on se donne la peine de citer le meilleur parti politique pour son souci de parité, c'est sans conteste le Parti des travailleurs. A sa tête, la députée sortante Louisa Hanoune, tête de liste à Alger. Le PT occupe allégrement le haut du tableau avec une parité pratiquement 50-50. Le nombre des candidates est d'environ 200 sur plus de 400 candidats. Il faut dire que le parti est allé plus loin dans sa logique, en ce sens que pas moins de 16 femmes sont têtes de liste. « Elles ont énormément de chances d'obtenir le siège à l'APN », martèle-t-on au PT. Ces têtes de liste briguent des sièges dans d'importantes circonscriptions, dont Blida, Béjaïa, Tlemcen et Constantine. En seconde position, le FLN se réjouit aussi d'avoir embarqué des femmes dans ses listes. Toutefois, il n'égale pas la prestation du PT, puisque le nombre de femmes FLN « députables » n'est que de 72 sur plus de 500 candidats. « Avec un taux de 22,5 % de femmes, le parti s'inscrit dans une norme universellement acceptable », indique, satisfait, un responsable du vieux parti. Ce qu'il faut retenir, c'est que les femmes du FLN ne seront pas, hélas, toutes élues à cause de leur positionnement dans les listes électorales. Qualifié de libéral, le RND, lui aussi, n'a pas trop « féminisé » ses listes. Une cinquantaine de candidates, dont aucune tête de liste, sont au registre du parti de Ahmed Ouyahia. Le même constat est à relever au MSP de Boudjerra Soltani (membre de l'Alliance présidentielle avec le FLN et le RND), dont les listes ne font ressortir que 21 candidates. Avec 500 candidats présents dans toutes les circonscriptions électorales, le RCD de Saïd Sadi a placé une cinquantaine de femmes. Une seule tête de liste, celle de Annaba, est à relever. Au PNSD de Ahmed Taleb Chérif, si les femmes ne sont pas également légion, il n'en demeure pas moins que la liste la plus prisée, celle d'Alger en l'occurrence, est revenue à une jeune mère de famille de 35 ans. Idem pour le MJD, de Chalabiya Mahdjoubi, qui a jeté son dévolu sur sa fille en tant que tête de liste à Alger. Toujours est-il que la femme reste sous- représentée en dépit des « réalités » du terrain. « Personne ne doit ignorer les conventions qui ont toujours pesé sur la vie politique. On trouve encore tout à fait normal qu'une liste doit recevoir l'aval du arch du coin ou de la zaouia de proximité. Et dans ces arrangements à l'algérienne, la femme est souvent absente, y compris dans les partis dits modernistes », commente un spécialiste de la communication.