La wilaya de Ghardaïa a été paralysée hier à partir de 11h30, suite à un mouvement de grève générale des commerçants qui a été suivi à 95%, selon le bureau exécutif de l'Union générale des commerçants et artisans algériens de cette wilaya/commission de redressement de l'union. Selon Fekhar Hammoudi, président du bureau de wilaya, que nous avons pu joindre par téléphone, « la situation est devenue intenable. Les services de contrôle infligent de lourdes amendes allant jusqu'à 700 000 DA et qui dépassent le chiffre d'affaires des commerçants. Il leur est reproché le défaut d'affichage et l'absence de facturation qui est un problème national. Nous avons néanmoins observé un service minimum (quelques boulangeries et pharmacies ont ouvert). Une rencontre avec le wali et le directeur du commerce n'a rien donné de concret ». En fait, les commerçants ne comprennent pas le sens d'un tel acharnement : « Malgré l'éloignement des sources d'approvisionnement en marchandises et les dures conditions climatiques, le commerçant de la wilaya de Ghardaïa, au lieu d'être encouragé et même avoir quelques avantages, surtout fiscaux, se trouve choqué par ces comportements ». Dans un document parvenu à la rédaction, il est mis en exergue : « L'exagération dans la prescription d'impôts et autres redressements malgré les conditions climatiques et géographiques hostiles et défavorables, la mise à profit de l'anarchie du marché (notamment de gros) et l'absence de facturation pour infliger le pire des châtiments ou bien l'utiliser comme moyen de pression, chantage et extorsion, l'ouverture de marchés de proximité sans aucun contrôle (registre du commerce, facture, conditions d'hygiène) ». Le document, dont une copie a été adressée au chef du gouvernement, met aussi en évidence « le double langage du discours officiel : d'un côté l'Etat encourage l'investissement, même étranger, et soutient les jeunes et les moins jeunes, parallèlement, il fait subir aux commerçants de Ghardaïa l'arbitraire, l'exclusion et la hogra ». Le bureau de wilaya de Ghardaïa de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme a soutenu cette « grève légitime » et demande de revoir la loi n°04-02 du 23 juin 2004 fixant les règles applicables aux pratiques commerciales et où les infractions sont punies d'une amende de 100 000 DA à 3 000 000 DA.