Quatre cent quatre-vingts kilogrammes de résine de cannabis ont été saisis en l'espace d'un mois sur le territoire de la wilaya de Tlemcen, sans oublier les quantités énormes de drogue - qui ont pu être convoyées à partir de la bande frontalière d'une longueur de 180 km - découvertes dans les wilayas limitrophes (Aïn Témouchent et Oran). Des quantités qui renseignent sur l'ampleur de ce trafic qui, malgré toute la vigilance des différents services de sécurité, ne cesse de s'accroître. Lundi matin, 4 h, au lieudit Tekouk, dans la commune de Beni Boussaïd (80 km du chef-lieu de wilaya), les gardes-frontières ont intercepté un véhicule de marque Renault 21 immatriculé à l'étranger à bord duquel se trouvaient, minutieusement dissimulés dans les portières, 379 kg de kif. Les convoyeurs, avantagés par l'obscurité, ont abandonné leur véhicule avant de prendre la poudre d'escampette. Probablement, les trafiquants se sont enfuis en direction du territoire marocain distant de 3 km. Cette importante prise survient une semaine seulement après celle de Maghnia où les services de lutte contre les stupéfiants ont mis la main sur une quantité de plus de 70 kg de résine de cannabis. Quelques jours auparavant, du côté de Honaïne, la mer avait rejeté des colis estimés à 30 kg de kif traité. 48 heures avant, un inspecteur principal des Douanes résidant à Maghnia a été arrêté au port d'Oran au moment où il s'apprêtait à embarquer pour Alicante, en Espagne. Il transportait 40 kg de drogue dans son véhicule. Autant dire que les grands barons, aidés par la myopie des uns et des autres, ne lésinent ni sur les moyens ni sur les itinéraires pour acheminer leur marchandise vers sa destination finale : l'Europe, via la Libye et la Tunisie. Et si tout le monde sait que le trafic des stupéfiants ne s'est jamais estompé sur la bande frontalière ouest, l'on s'interroge sur l'acharnement des narcotrafiquants en cette période de l'été. Un spécialiste dans le domaine explique : « Mais, c'est la période des récoltes à Koutama, la région marocaine où est concentrée la plus grande production de kif dans le royaume ! Et puis, sommes-nous tentés de nous demander, pourquoi toutes ces quantités ? Pourquoi ne transporte-t-on pas par petites quantités dans le but, éventuellement, de déjouer la vigilance des services de sécurité ? Parce que, tout simplement, les prix de la drogue ont nettement baissé, et les trafiquants jouent sur la quantité dans deux ou trois transactions en une période déterminée pour amasser des fortunes avant de revenir à la charge. » Toujours est-il que malgré sa fermeture officielle, la frontière terrestre demeure une véritable passoire.