Qui est Al Qaïda Maghreb ? C'est à cette épineuse question que Dominique Thomas, chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales a tenté de répondre lors d'une récente conférence au centre de la presse étrangère de Paris. L'auteur, qui a mené une longue enquête, a d'emblée indiqué qu'il ne voyait pas de lien entre les attentats perpétrés au Maroc et ceux qui ont visé l'Algérie. « Je pense qu'il n'y a pas de mainmise d'Al Qaïda sur le Maghreb islamiste et que l'influence du GSPC reste cantonnée à l'Algérie ». L'orateur a ajouté que le Maroc a certes connu des prédicateurs virulents qui ont prêché dans des bidonvilles, mais ils n'ont pas vraiment investi le champ politique ni contesté la monarchie. Les choses ne sont pas très différentes en Tunisie où des groupes islamistes, formés plutôt à l'étranger, partent combattre en Irak et en Afghanistan, mais jamais sur leur propre territoire à cause de la politique de main de fer du président Ben Ali. En Mauritanie et dans les pays du Sahel, les terroristes bénéficient de l' appui de certaines tribus locales. Le chercheur ne croit pas, non plus, à la centralisation d'Al Qaïda. Bien au contraire, la force de cette dernière, c'est de ne pas avoir de direction ou d'organigramme. « Al Qaïda est une école de pensée ouverte. Tout le monde peut s' y revendiquer, à condition de tenir un discours anti-occidental ». Dominique Thomas a également estimé que la mouvance Al Qaïda est le produit d'un Islam radical avec une stratégie de contester les régimes arabes et l'Occident et ses influences néfastes. En ce qui concerne le GSPC algérien, le conférencier a soutenu que le changement de nom implique inévitablement un changement de stratégie et va dans la recherche d'une trame commune et large sous cette appellation. Depuis deux ans, le GSPC a orienté son discours vers l'antiaméricanisme. Il a commencé par se désolidariser en 1998 du GIA (groupe islamique armé, dirigé par Hassan Hattab) à cause de ses actions meurtrières et aveugles. Le GSPC, lui, opte pour des actions ciblées (militaires, officiels, bâtimentspublics…).