Le théâtre régional de Constantine occupe à ce jour, après plus d'un siècle d'existence, une place toute particulière parmi les nombreux monuments architecturaux de la ville. Cet important édifice a été construit entre 1863 et 1883 sur l'emplacement occupé jadis par la caserne des janissaires. Il aura donc nécessité vingt longues années avant d'être inauguré. Durant cette période de construction, de nombreuses discussions, parfois houleuses animaient les séances des conseils municipaux qui s'étaient succédé à cette époque. L'enjeu était de taille, car pour les occupants français, l'opéra de Constantine, comme on l'appelait jadis, représentait le temple des arts et de la pensée française. Ils y mirent donc tous les soins et les moyens financiers nécessaires pour en faire un véritable joyau. Construit sur une superficie de plus de 1 500 m2 avec des surfaces utiles de 9100 m2, l'opéra municipal de Constantine fut inauguré le 06 octobre 1883. En forme de fer à cheval, la salle de spectacles comprenait 600 places réparties entre l'orchestre, les baignoires, les fauteuils et loges du 1er balcon, les loges et fauteuils du 2e balcon et l'amphithéâtre. A l'époque, les loges dites officielles étaient revêtues de velours rouge, semé d'abeilles d'or, tandis que le pourpre des fauteuils, les franges d'or du rideau de scène et les décorations des balcons, donnaient à la salle des spectacles un déploiement de luxe somptueux. Il y a encore aujourd'hui de très beaux restes que l'opération de rénovation entreprise en 1999 a tenté de préserver de l'usure du temps. Cependant, il n'en reste pas moins que cet édifice ne répond plus aux nouveaux besoins, et ne peut s'adapter aux innovations modernes, selon les spécialistes. Il reste malgré tout un bijou ancien qu'il faut préserver autant que faire se peut, en attendant qu'il bénéficie, pourquoi pas, dans les prochaines années d'une véritable restauration qui permettrait, sans heurts, d'y introduire les innovations nécessaires. A ce propos, il y a lieu de souligner que depuis son inauguration en 1883, l'opéra de Constantine devait par la suite subir diverses transformations, des fois heureuses et parfois malheureuses. Si en effet, la salle des spectacles et la cage de scène ont été préservées, selon la direction du TRC, malgré l'introduction du chauffage et de l'électricité, les ailes de l'édifice ont subi à différentes époques, et bien avant l'indépendance du pays des transformations non exemptes de critiques. Il en est de même des décorations d'origine, des tapisseries et autres draperies, qui ont été par manque d'entretien ou par l'usure du temps, tout simplement enlevés parce que détériorées, sans être remplacées à ce jour. A noter que rien n'est prévu pour le moment pour refaire ces décorations d'époque qui nécessitent l'intervention de spécialistes, à l'instar du théâtre national qui a été entièrement restauré.