Le président de la République arabe sahraouie (RASD) a rejeté d'un revers de la main toute acceptation d'une quelconque médiation américaine dans les futures négociations que doit mener le Front Polisario avec la partie marocaine dans le cadre de la dernière résolution du Conseil de sécurité sur la question sahraouie. Mijek (Territoire libéré du Sahara occidental). De notre envoyé spécial « Le secrétaire général de l'ONU est notre seul médiateur. Le seul cadre et lien des négociations sont l'ONU », a-t-il insisté dans la nuit de dimanche à lundi lors d'un point de presse. Mohamed Abdelaziz, qui répondait à une question sur la récente proposition de médiation des USA au sujet des négociations, a reconnu que « c'est vrai que les USA ne reconnaissent pas la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et ont adopté toutes les résolutions du Conseil de sécurité appelant à un référendum ». Mais, tenait-il à rappeler, « la responsabilité entière dans cette question revient à l'ONU ». L'ambassadeur des Etats-Unis à Rabat, Thomas Riley, a proposé, pour rappel, il y a quelques jours une médiation américaine en se disant même « prêt à faciliter la médiation entre les deux parties », le Maroc et le Front Polisario. Or l'ex-colonie espagnole du Sahara occidental est en cours de négociation sous la houlette des Nations unies. L'ONU encadrera ces négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario. Où ? Tout porte à croire que celles-ci se dérouleront dans l'un des sièges des Nations unies. Tel est en tout cas le souhait du SG du Front Polisario qui refuse d'ores et déjà tout lieu neutre autre que celui de l'ONU. M. Abdelaziz, interrogé dans ce cadre à la même occasion, précisera que son gouvernement a été informé officiellement de l'annulation de la tournée dans les camps de réfugiés sahraouis et au Maroc, de l'émissaire du SG de l'ONU, Peter Van Walsum. « Nous avons été informés officiellement de l'annulation de la visite de l'envoyé spécial de Ban-Ki-moon et de l'envoi prochain d'une lettre du secrétaire général qui va inviter les deux parties pour des négociations dans un endroit précis et à une date précise », a-t-il annoncé. Mohamed Abdelaziz estimera que l'annulation de cette visite « n'est pas quelque chose d'important politiquement ». « C'est beaucoup plus technique », a-t-il ajouté. Mais, à ses yeux, la rencontre aurait pu avoir lieu comme prévu initialement. D'ailleurs, il s'est dit « surpris » par son annulation pour laquelle il n'a pas d'explication à fournir. « Quant à savoir qui a fait pression sur le SG, nous n'avons pas d'explication à ce sujet », a-t-il simplement tranché. Cependant, Mohamed Abdelaziz affiche un certain scepticisme quant à l'issue de ces négociations. « Les négociations pour qu'elles réussissent il faut une volonté des deux parties », reconnaît-il. Mais, regrette-t-il, « l'expérience a fait que c'est toujours le Maroc qui n'a pas cette volonté politique ». Et les raisons confortant chez lui ce scepticisme : « Le comportement non-humaniste du Maroc, notamment par la répression, les tortures et l'emprisonnement dans les territoires occupés, mais aussi dans les universités marocaines. » « Ces agissements nous rendent sceptiques quant à la volonté du gouvernement marocain d'aller vers les futures négociations », a-t-il soutenu. Interrogé sur la position française vis-à-vis du conflit, M. Abdelaziz signalera que « le gouvernement Sarkozy se préoccupe de la situation au Sahara occidental ». « Nous souhaitons que cette sollicitude soit à même d'assurer un référendum d'autodétermination », a-t-il ajouté. Il va sans dire que, selon Mohamed Abdelaziz, « la prochaine étape sera celle de la bataille autour de la souveraineté du territoire où le peuple sahraoui aura son mot à dire démocratiquement ». « Le combat du peuple sahraoui même avec les armes est légitime », a-t-il tranché. Ce faisant, la célébration du 34e anniversaire du déclenchement de la lutte armée sahraouie a été marqué hier par la tenue d'un meeting de solidarité avec l'Intifada dans les territoires occupés, qui a bouclé ses deux années. Les manifestants, venus des camps de réfugiés, de la Mauritanie et même de certaines villes occupées du Sahara occidental, ont exprimé leur détermination pour la poursuite du combat jusqu'à l'indépendance. Ils ont également dénoncé la répression, les tortures et l'emprisonnement de leurs compatriotes dans les geôles marocaines.