Les Constantinois font montre, depuis deux ans, d'un intérêt grandiose pour ne pas dire démesuré pour les manifestations économiques. Ces rendez-vous qui se limitent jusqu'à présent à la dimension des foires, ont créé un engouement sans précédent pour une population sevrée durant de longues années. Il est vrai que la dynamique insufflée par la nouvelle direction de l'exécutif a drainé un nombre important de partenaires économiques, se bousculant pour décrocher une place dans le calendrier des manifestations commerciales, déjà chargé. Cependant, beaucoup reste à faire pour se conformer avec les règles régissant ces rendez-vous économiques. Premier fait constaté, la foultitude de ces foires n'a pas changé de décor depuis sa création. Le hangar de l'Enaditex, dans la zone industrielle Palma, baptisé pompeusement centre des expositions, n'est guère à la mesure d'une demande de plus en plus importante. Des exposants rencontrés à la foire Cirta 2007, venus des quatre coins de l'Algérie et de certains pays étrangers, déplorent l'exigüité des lieux. D'autres dénoncent discrètement les tarifs, jugés exagérés, pour la location des stands. On avance le chiffre de 4500 DA pour le mètre carré, sans compter la taxe sur la valeur ajoutée de 17% (TVA), et les charges inhérentes à l'éclairage. La mobilisation d'un important contingent des agents de sécurité a forcé les organisateurs à revoir leur ardoise des dépenses. A l'intérieur, les exposants sont presque toujours les mêmes, à quelques exceptions près. La participation internationale s'est d'ailleurs limitée, comme d'habitude, à trois « clients » potentiels : les Iraniens et leurs bijoux, les Syriens avec leur gamme habituelle de prêt-à-porter, et les Egyptiens avec leur mobilier en bois sculpté. « Contrairement à d'autres foires, celle de Constantine est toujours la plus rentable pour nous », fait remarquer un participant de Tizi-Ouzou, spécialisé dans les habits traditionnels. Avis partagé par d'autres commerçants et industriels venus de plusieurs wilayas. « Cela fait trois années que nous prenons part à cette manifestation et nous notons que les Constantinois dépensent de plus en plus dans divers articles », expliquera la représentante de l'entreprise algéroise Hamila, spécialisée dans la fabrication des meubles depuis 1934. Un indice qui explique une évolution du pouvoir d'achat des citoyens de l'antique Cirta. « A ce rythme, l'espace de l'Enaditex ne sera plus en mesure d'accueillir une manifestation, qui a besoin d'un véritable palais des expositions, lequel manque encore au registre des réalisations », notera un habitué des lieux. Une équation difficile à résoudre dans une ville qui étouffe sous le poids des marchés informels.