Pour le FLN, le fort taux d'abstention enregistré lors des législatives du 17 mai dernier n'exprime aucun message politique. C'est en tout cas l'idée défendue par le secrétaire général du FLN et chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Invité de l'émission « Fi Es-Samim » (Dans le vif), diffusée mardi sur l'ENTV, il livre sa lecture des résultats du scrutin de jeudi dernier. Belkhadem s'enlise en fait dans un exercice difficile, consistant à prouver que le comportement des électeurs « n'a visé en aucun cas à sanctionner le pouvoir ». « Il faut faire la différence entre le fait de ne pas se rendre aux urnes et le boycott », a-t-il indiqué. Le patron du FLN a estimé en effet que les Algériens n'ont pas boycotté le scrutin sans toutefois expliquer la différence entre les deux gestes. « Elle (l'abstention) était le résultat d'un cumul de plusieurs facteurs, dont l'amalgame entre les missions du député et de l'élu local et la faiblesse de l'action politique des partis qui se limite aux échéances électorales », a-t-il tenté d'argumenter. Afin de ne pas conférer un sens politique à ce fort taux d'abstention, le responsable du FLN a fait maladroitement le lien entre ce geste et l'engouement populaire constaté, selon lui, lors de la visite effectuée, à la veille de l'élection, par le président de la République dans la wilaya de Annaba. Présent sur le même plateau, son camarade de l'Alliance présidentielle et secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a tenté lui aussi d'apporter une explication au phénomène de l'abstention. Néanmoins, il s'est montré beaucoup moins catégorique que Abdelaziz Belkhadem et Louisa Hanoune. Contrairement au SG du FLN, le patron du RND reconnaît que « le taux d'abstention relève d'un problème de fond (...) ». A ce propos, il a souligné la nécessité d'une analyse profonde de la question par toute la classe politique. Intervenant dans la même émission, la porte-parole du PT, Louisa Hanoune, a essayé, pour sa part, d'expliquer le message à sa manière. Qualifiant le taux d'abstention enregistré d'énorme, Mme Hanoune considère qu'il est un message « très fort » contre la politique de privatisation des entreprises. L'on s'achemine vers la fin de l'émission, quand l'animateur évoque la lettre de la commission de Bouchaïr adressée, avant la fin de l'opération du vote, au président de la République et pose la question à ses trois invités. Et c'est le début de la polémique. Si Abdelaziz Belkhadem et Louisa Hanoune critiquent l'attitude de Saïd Bouchaïr et attestent qu'« il y a eu manipulation dans cette affaire », Ahmed Ouyahia y voit le contraire. A Belkhadem qui veut le contredire, le secrétaire général du RND cite le cas des représentants des partis politiques jetés en plein désert à El Oued en prenant la fuite avec les urnes. « Ce n'est pas la peine de rentrer dans les détails », lance Ouyahia à l'adresse de son camarade du FLN qui a compris vite le message. Depuis, Abdelaziz Belkhadem a tempéré ses ardeurs. La lettre de Bouchaïr, selon le secrétaire général du RND, a constitué l'événement « car c'est la première fois qu'une commission officielle dénonce le déroulement d'une élection en Algérie ». Mais, selon lui, les dépassements enregistrés et l'ampleur du taux d'abstention « n'entame en rien la légitimité de la future Assemblée ». La solution à ce problème, selon les chefs de ces trois partis, est la révision de la loi électorale 97-07. La revue de cette loi, devant intervenir avant les locales du 6 septembre prochain, permettra d'assainir la scène politique nationale. « L'amendement de la loi électorale devra mettre fin à l'anarchie et exiger des partis politiques un taux déterminé pour pouvoir poursuivre leur activité politique », explique Ahmed Ouyahia. Le secrétaire général du FLN a plaidé, de son côté, pour l'introduction de la proportionnelle intégrale qui donnera la possibilité au parti détenant la majorité dans une commune de siéger seul et d'assumer la gestion de ses affaires.