Louable initiative que vient de prendre la wilaya de Tipaza, relative à la campagne de sensibilisation des professionnels de la mer, sur la pêche à la dynamite. C'est au niveau de l'école de pêche de Cherchell, mercredi dernier, que la direction de la pêche avait réuni les patrons de pêche de la région de Cherchell. « Il faudra qu'un jour les marins-pêcheurs arrêtent de pratiquer la pêche à la dynamite, déclare le directeur de la pêche de la wilaya de Tipaza. Les textes existent. La lutte contre cette forme de pêche illégale ne concerne pas uniquement notre ministère, ou les services des garde-côtes et les services de sécurité », ajoute-t-il. Selon les statistiques, qui, pour de nombreux professionnels, ne reflètent pas la réalité, les cinq ports de la wilaya (Khemisti, Bouharoun, Tipaza, Cherchell, Gouraya) produisent en moyenne annuellement 9100 t de poisson bleu et 2270 t de poisson blanc. Des travaux supplémentaires d'aménagement et d'extension avaient été entrepris au niveau des ports de Gouraya (2,1 milliards de dinars), Cherchell (1,7 milliard de dinars) et Tipaza (1,22 milliard de dinars) pour augmenter la capacité d'accueil des embarcations. Cette rencontre était animée par des universitaires fonctionnaires de la direction de la pêche de la wilaya de Tipaza. A ce rythme, l'avenir du monde marin est mis en péril. Un professionnel de la pêche nous indique que la pêche des espèces sédentaires en est victime aujourd'hui. Les méthodes de pêche destructives sont nombreuses. Effets dévastateurs En plus de la pêche à la dynamite, il y a la pêche au chalut et aux filets dérivants et la pêche au cyanure qui engendrent des effets dévastateurs sur la vie marine et sur le milieu marin. Des inconscients qui ont réussi à se constituer des fortunes grâce à la pêche à la dynamite, se croyant intouchables de surcroît et qui disposent d'embarcations malheureusement acquises dans le cadre de l'aide et du soutien de l'Etat pour le développement du secteur de la pêche, avaient tiré profit de la situation, sans tenir compte de la réglementation, en pratiquant la pêche illégale à la dynamite. Le progrès technologique a encouragé ces énergumènes dans ce mauvais chemin. L'impact de ces différentes formes de pêches, notamment lorsque les pêcheurs versent le cyanure de sodium pour assommer les poissons, utilisent les filets maillants dérivants ou font exploser les bâtons de dynamite sous l'eau c'est l'extermination de la faune et de la flore marines. Quand on pêche à la dynamite, non seulement on tue les poissons, mais aussi les œufs, les coraux, les planctons, les algues, les plantes marines et les organismes vivants. Les détonations et les vibrations produites par les effets de la pêche à la dynamite endommagent le système auditif de nombreuses espèces marines. La dynamite accélère l'érosion côtière, en détruisant les récifs et les coraux, les herbiers sous-marins tels que la posidonie, un environnement dans lequel se reproduisent les poissons et les crustacés. La prolifération de la pêche à la dynamite au niveau de la côte de la wilaya de Tipaza a entraîné un déséquilibre écologique effrayant d'une part et la disparition d'une multitude d'espèces de faune et de flore marine, d'autre part. Des chercheurs universitaires se sont rendus dans certains endroits, en effectuant des plongées sur des sites. Ils s'inquiètent aujourd'hui de l'état des fonds marins. Cette forme dangereuse de pollution marine s'ajoute à d'autres, notamment les déversements des eaux usées et les eaux chimiques, le dégazage des navires en mer. Cette campagne de sensibilisation menée par la wilaya de Tipaza s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de la protection de la faune et la flore marines, pour non seulement préserver le milieu marin mais également assurer un développement harmonieux du secteur de la pêche. Le mouvement associatif est impliqué directement dans ces actions dans la préservation de la mer, y compris le secteur de l'environnement. D'autres rencontres similaires auront lieu, en présence de toutes les parties impliquées, en l'occurrence l'administration de la pêche, les services de sécurité et des garde-côtes. Protéger les ressources halieutiques La course vers le profit imminent a aveuglé les patrons pêcheurs et leurs complices, qui préfèrent s'adonner à la pêche à la dynamite au lieu de protéger la mer. La disparition des espèces marines est à court terme. Les responsables de l'administration de la pêche de la wilaya de Tipaza, en collaboration avec quelques professionnels authentiques, ont décidé de mener cette campagne de sensibilisation et engager les débats, pour inciter les gens à pratiquer une pêche responsable, de manière à effectuer des exploitations équilibrées des ressources marines, tout en appliquant et respectant les lois en matière de pêche, mais surtout faire respecter les normes environnementales dans le monde marin, en mettant d'abord l'accent sur la valorisation des métiers de toute la filière pêche. « La Méditerranée est une mer qui n'est pas trop productive, nous avait précisé l'ex-directeur du développement de l'aquaculture au ministère de la pêche et des ressources halieutiques, car les eaux ne se renouvellent pas rapidement. Les océanographes avaient prouvé que les eaux de la Méditerranée se renouvellent au bout d'un siècle. Le plus dramatique dans cette situation, c'est que cette mer se retrouve actuellement agressée par plusieurs sortes de pollutions », conclut-il. L'Etat prévoit la création de 100 sites pour l'aquaculture marine à travers la côte algérienne. La justice devra être impitoyable envers tous ces réseaux liés à la commercialisation des explosifs destinés à la pêche des poissons et à l'utilisation de la pêche à la dynamite. La prise de conscience du monde marin est désormais impérative dans l'état actuel de la situation, car il y va de l'avenir du milieu et des ressources marines. Les conclusions du 1er Congrès méditerranéen d'océanologie, qui avait regroupé d'éminentes personnalités du monde scientifique des pays du bassin méditerranéen, et qui s'était tenu du 20 au 23 novembre 2006 à Sidi Fredj (Alger), constituent des indicateurs essentiels qui permettent aux initiateurs de ces rencontres locales de mesurer l'ampleur des conséquences et des impacts de ces changements de comportement de l'activité humaine à l'égard du milieu marin, la faune et la flore marines.