Des placettes sont dégagées après chaque effondrement ou démolition. Quel est l'usage qui en est fait ? Le P/Apw, M. Zaim, rappelle que c'est aux personnes morales ou physiques regroupées en copropriété, aux entreprises et administrations publiques que revient « le droit d'exploiter les terrains ». « Un effort doit être fait auprès des propriétaires pour les convaincre de céder ces terrains », s'est-il contenté de dire en parlant de cette situation qui s'est posée avec acuité, au lendemain des intempéries de Bab El Oued et surtout du séisme de Boumerdès. Même son de cloche chez les élus locaux. Sur le devenir de ces espaces dégagés, Tayeb Abdellah, vice-président de l'Apc de Belouizdad relève : « On procédera, dans un premier temps, au cloisonnement des terrains pour éviter les rejets sur la chaussée. Des espaces verts et des aires de détente seront créés, en attendant que les autorités décident du sort final de ces placettes ». Les services de l'Apc n'ont pas le droit de les toucher puisqu'aucune loi ne les y oblige. Seuls les propriétaires y ont un droit de regard. Certains « privés », d'ailleurs, ne s'y intéressent pas, préférant installer des grilles. Il en est qui les ont transformés en parkings… fermés au public. Leur emplacement et la muraille construite à la hâte dissuadent ainsi les automobilistes d'y garer leur voiture, comme c'est le cas à la rue Hassiba. Cette situation n'est pas sans causer des désagréments aux riverains. Les habitants de la rue Rigodit, mitoyenne avec l'immeuble n° 81 rasé de la rue Belouizdad, sont montés, dernièrement, au créneau. « La wilaya déléguée de Hussein Dey est seule responsable et elle a, semble-t-il, maille à partir avec l'entrepreneur. » En plus des dégâts causés à l'immeuble 83, les résidants « appréhendent les fléaux ». Même situation à La Casbah : « Des aires de jeu ont été aménagées. A ce rythme, on transformera la Citadelle en un immense complexe sportif », soutient M. Benmeddour, chercheur en patrimoine. Cette boutade explique, à elle seule, toute l'amertume des Casbadjis qui voient mal leurs douirette disparaître sans laisser de trace. « Si, une », rétorque-t-on : « De vulgaires haies. On en trouve d'ailleurs une flopée » L'Apc voisine a voulu pourtant innover : Alger-Centre a voulu mettre sur pied le projet d'un « historial ». S'étendant sur un espace de 280 m2 avec une surface exploitable de 1092 m2, l'immeuble de 6 étages, situé au 18 rue Larbi Ben M'Hidi n'est pas encore sorti de sous terre trois ans après le lancement de l'idée. Moins ingénieux, les enfants ont, eux, pris possession de l'espace dégagé sur l'autre côté de la rue. Non loin de là, l'espace où se trouvait l'hôtel Angleterre, cible d'un attentat à la voiture piégée le 4 septembre 1996, est abandonné avec tout juste une clôture dorée, « digne d'hôtel de haut standing ». Seuls les terrains qui lui sont attenants ont été transformés ; l'un en parking pour le personnel de la commune et l'autre, sur l'autre voie, en terrain de jeux. Quelques progrès dans les lois : au sens de l'article 33 du projet de loi, initié par le gouvernement, relatif à la gestion, à la protection et au développement des espaces verts « les périmètres dégagés suite à l'effondrement des bâtisses en zone urbaine ainsi que les zones urbaines grevées de servitudes de non aedificandi, après traitement des raisons qui ont conduit à les soumettre aux servitudes sus-évoquées ». Lorsqu'on sait que pas moins de 10 000 cités n'ont pas d'espaces verts, la loi 90-29 sur l'aménagement et l'urbanisme du 1er décembre 1990 retrouve toute sa pertinence, quand elle fait obligation aux constructeurs d'aménager un espace vert de 200 m dans les cités accueillant pas moins de 2000 habitants.