Les efforts consentis par l'entreprise portuaire de Skikda pour faire du port de Skikda une destination de choix pour les différents intervenants risquent de prendre un sérieux coup si le nombre élevé de fraudes relevées au niveau du contrôle douanier persiste. Ainsi, après les armes et la poudre noire, voilà que les Chinois se mettent de la partie pour déjouer la vigilance des douaniers en s'offrant le luxe de s'alimenter directement de Chine et à moindre frais. Il reste vrai que les Chinois du groupe China Petroleum Engineering & Construction (CPECC), une filiale de China National Petroleum Corporation (CNPC) qui avait remporté le contrat de construction de la nouvelle raffinerie topping de condensât de Skikda, viennent de se faire remarquer par un précédent assez grave. En effet, les éléments de la gendarmerie ont découvert avant-hier que 19 parmi les centaines de pipes destinés au projet contenaient divers denrées alimentaires, en attendant de poursuivre leurs investigations. Les pipes, bouchés des deux bouts, ont transité par le port de Skikda, déjouant la vigilance des douaniers, pour se retrouver au chantier implanté dans l'enceinte de la plate-forme pétrochimique pour êtres vidés de leur contenance. Des sources portuaires avancent qu'en plus des pipes, les Chinois auraient même caché d'énormes quantités de produits destinés à la consommation (saké, cigarettes, légumes…) dans des citernes destinés au chantier. Cependant, des indiscrétions énoncent déjà le bilan de la première fouille. Ainsi, les Chinois ont réussi frauduleusement à introduire sur le sol algérien pas moins de 300 kg de soja, 200 bouteilles de jus de soja, des dizaines de kilogrammes de fruits et légumes, des dizaines de cartouches de cigarettes, d'autres babioles et la liste est appelée, selon la même source, à s'allonger. Des sources crédibles attestent que suite à une dérogation du procureur de la République, des échantillons prélevés sur la marchandise ont été transmis hier à un laboratoire officiel en charge de la lutte contre la fraude afin d'attester de leur nature. Un acte qui témoigne de la volonté des services de sécurité de tirer au clair cette histoire qui met très mal à l'aise les services douaniers du port de Skikda. Le pot au rose a été découvert suite à des informations insistantes rapportées par des travailleurs de la plate-forme pétrochimique qui trouvaient assez suspect le mouvement des travailleurs chinois après l'arrivée des pipes. Les éléments de la gendarmerie ont vite pris le relais pour mettre au jour le subterfuge. On avance que pour le moment, seuls quelques travailleurs chinois ont été entendus par les gendarmes en attendant l'arrivée du premier responsable qui se trouve encore en Chine. En attendant les conclusions de l'enquête, reste à savoir si cette marchandise était réellement destinée à la consommation ou plutôt à la vente, d'autant plus que les magasins et les babioles chinois pullulent à Skikda où la seule avenue principale compte pas moins de trois grandes boutiques. D'autres questions relatives à cette navrante affaire méritent d'être posées. Combien de pipes les Chinois ont-ils déjà introduit à partir du port de Skikda ? Etaient-ils vides ou contenaient-ils d'autres babioles ? Toutes les supputations restent valables. A rappeler que les Chinois avaient décroché, en date du 30 mars 2005, un contrat pour la construction d'une raffinerie de topping de condensât à Skikda pour un montant de près de 390 millions de dollars. La nouvelle raffinerie de Skikda dont la réception est prévue pour l'année 2008 constitue l'un des projets très suivi par le président de la République. Elle est constituée de deux lots : des installations pour appuyer les capacités de stockage ainsi qu'une usine devant traiter 5 millions de tonnes de condensât par an. Ses productions essentielles sont le butane (110 000 tonnes/an), le naphta (3 à 4 millions tonnes/an), plus d'un million de tonnes/an de distillats (gasoil léger et lourd) et du kérosène.