L'option du dessalement d'eau de mer pour répondre à la forte demande est devenue incontournable à moyen et long terme. Les projections les plus optimistes indiquent une pénurie chronique en cette denrée vitale qu'est l'eau potable sur le flanc sud de la Méditerrannée. Le climat semi-aride de la région mais aussi les prévisions de réchauffement de la planète placent notre pays dans l'oeil du cyclone. Si le dessalement d'eau de mer était considéré comme un choix luxueux il y a quelques dizaines d'années, l'évolution des prix vers le bas a encouragé plusieurs pays à opter pour le dessalement pour sécuriser leur approvisionnement en eau. A titre d'exemple il faut savoir que le prix a été divisé par trois (il est trois fois moins cher) par rapport à il y a dix ans grâce à la technique de l'osmose inverse qui consomme moins d'énergie que le procédé de la distillation. Le dessalement de l'eau de mer ou des eaux saumâtres vient en complément de l'eau de pluie qui reste la principale source d'alimentation. Le choix du dessalement d'eau de mer est devenu encore plus urgent à la faveur de la pénurie d'eau qu'a connue le pays et notamment la capitale durant l'année 2001-2002. Subitement les Algériens découvrent qu'ils sont à la merci de la météo pour leurs besoins en eau y compris pour les besoins les plus élémentaires. Les barrages se vident et c'est de l'eau noire qui arrive dans les robinets vers cinq heures du matin pour les plus chanceux. Même Alger la capitale n'et pas épargnée et le mètre cube d'eau saumâtre non traitée puisée chez le privé est revendu à 3000 dinars. En haut lieu les querelles byzantines s'éternisent et officiellement la pénurie n'est pas assumée. Les forages ne sont pas décidés à temps. La pénurie dure et s'éternise. Pour les pouvoirs publics l'option du dessalement apparaît comme stratégique et c'est le chef de l'Etat en personne qui aurait tranché la question. Un premier programme d'un million de mètres cubes par jour est décidé. Il est enclenché à la faveur du déblocage de l'ancien projet de dessalement d'Arzew que Sonatrach et Sonelgaz devaient lancer pour leurs besoins. Une unité de dessalement d'eau de mer d'une capacité de 60 000 mètres cubes par jour couplée à une centrale électrique avait été programmée au milieu des années 1990. Sonatrach et Sonelgaz qui utilisent beaucoup d'eau dans la région d'Arzew devaient reverser l'eau pour les citoyens qu'elle mobilisaient pour leurs besoins industriels et utiliser l'eau dessalée. Une partie de l'eau dessalée devait aussi aller vers les citoyens pour renforcer les capacités existantes très faibles à cause de la faible pluviométrie dans la région. Finalement le projet démarre au début des années 2000 et la capacité pour l'eau dessalée est revue à la hausse avec 90 000 mètres cubes par jour. Au mois d'août 2005 l'usine commence à produire de l'eau potable à partir de l'eau de mer. Les pouvoirs publics évitent la solution de l'usine clés en mains du fait du manque d'expérience des entreprises nationales pour l'activité. C'est le système de la concession en partenariat qui est choisi avec comme modèle "le Project financing ". Un contrat de maintenance sécurise le projet. La garantie indirecte du financement est l'achat de l'eau par Sonatrach et l'ADE. En moyenne le mètre cube d'eau revient entre 40 et 55 dinars. Mais pour éviter la pénurie l'eau n'a pas de prix même si l'Etat s'est engagé à développer une politique souple en la matière vis-à-vis du consommateur. Le modèle du projet est le BOO (Build Own Operate) ou construire, posséder et exploiter. Après le projet de Kahrama, les pouvoirs publics décident de lancer un programme national pour construire de grands projets qui produiraient 1,2 million de mètres cubes par jour à l'horizon 2009. Au mois de septembre 2005, le ministre de l'Energie annonce que l'unité "Kahrama" d'Arzew fait partie d'un vaste programme de réalisation d'installations similaires tout le long du littoral algérien avec comme objectif d'assurer une production nationale de 1,2 million de mètres cubes d'eau dessalée par jour à l'horizon 2009. Après Arzew, c'est au tour d'Alger d'être désignée pour abriter la deuxième unité de dessalement d'eau de mer d'une capacité de 200 000 mètres cubes par jour dans le quartier du Hamma. L'entrée en production de la station est prévue pour la fin de l'année 2007. Mais le programme qui prévoyait seulement 1,2 million de mètres cubes par jour à l'horizon 2009 a été revu à la hausse. Actuellement les projets lancés totalisent environ 2,3 millions de m3. Le projet de Cap Blanc programmé pour 200 000 mètres cubes est passé à 500 000 mètres cubes. D'autres stations ont été ajoutées. Ce qui place l'Algérie parmi les pays qui investissent le plus sur l'eau dessalée au même titre que l'Arabie Saoudite, la Chine, l'Espagne ou Israël. Les managers chargés des projets ont pris le temps de maîtriser le système du BOO et la concurrence a fait baisser le prix du mètre cube lors de la remise des offres commerciales. Les Américains avaient remporté le projet d'Alger, les Espagnols et les Canadiens ont investi en force le secteur vu le nombre de projets qu'ils ont gagné. Il restera à acquérir les métiers de l'eau y compris pour l'activité la plus complexe qui est celle du dessalement. En plus d'Arzew (88 000 m3) et du Hamma (200 000 m3), Skikda, Beni Saf, Honaïne, Cap Djenet, Mostaganem, Tlemcen, Fouka, Oran, Chlef, El Tarf et Oued Sebt à Tipaza sont les autres lieux qui accueilleront les stations d'eau déssalée.