Les passagers du vol AH 1005 de Paris à destination d'Alger ont été soumis à une belle frayeur vendredi en fin d'après-midi lorsque l'airbus A330 200 de la compagnie nationale a tenté de percer l'épaisse couche nuageuse qui sévissait ce jour-là au-dessus de la capitale française et de ses environs. Dans son élan ascensionnel, le gros porteur bondé (350 passagers) et à la masse imposante a pu gagner majestueusement et sans encombre 1000 m d'altitude. Et c'est en rentrant peu après dans la masse nuageuse (de petits écrans déployés en cabine indiquaient aux passagers la vitesse et l'altitude) que les choses se sont gâtées, c'est-à-dire vers 1500 m. A travers les hublots, la pellicule nuageuse blanchâtre du début a laissé place à une masse noirâtre imposant un silence mi-résigné, mi-inquiet parmi les passagers. Puis sans que rien ne vienne l'indiquer, l'avion s'est mis à vibrer sous de fortes turbulences (à la manière d'un séisme de grande ampleur), s'est cabré sur la gauche avant que le pilote, le commandant Bouhafs, ne parvienne à le stabiliser dans une position horizontale malgré les fortes turbulences. Mais 5 secondes plus tard, l'avion fait une chute à plat de 200 m entraînant une peur panique parmi les passagers surpris par la soudaineté de ce profond et exceptionnel trou d'air. Aux pleurs et aux comportements incongrus (ça se comprend) se sont mêlées les incantations à voix haute de versets coraniques, ce qui a forcément fini par rendre l'ambiance macabre à l'intérieur de l'appareil. Même les interventions vocales des membres du personnel navigant, eux-mêmes ceinturés, pour rassurer les plus effrayés, ne purent dissiper le choc d'une telle chute. L'avion continuait donc son chemin aérien chaotique accompagné par d'autres turbulences importantes jusqu'à ce que le soleil soit visible au-dessus des nuages. L'avion reprend alors sa stabilité ascensionnelle avant de se mettre à l'horizontal sur son couloir de croisière à un peu moins de 12 000 m d'altitude. Apparemment, l'Airbus A330 du commandant Bouhafs venait d'affronter vers 1500 m un front nuageux sévère et imprévisible. Celui-ci, (du propre commentaire du pilote fait par la suite aux stewards et hôtesses), était passé entre deux orages chargés, fruit de deux cumulo-nimbus (nuages verticaux allongés dangereux pour la navigation aérienne) et que ce genre d'incidents était assez normal quand s'oppose à l'avion en pleine ascension un inconvénient d'une telle nature. Etant rentré en contact, comme le veut l'usage, avec la tour de contrôle de l'aéroport parisien pour faire part de cet incident, la décision a été prise peu après de clouer au sol pendant deux heures tous les avions au départ de la capitale française, tandis que s'abattait sur Paris et ses environs des pluies diluviennes et des chutes de grêle entraînées par de violentes bourrasques. Quant aux passagers (nombre d'entre eux ont rendu intact leur plateau repas au chariot de récupération), l'angoisse s'est éteinte à l'atterrissage à l'aéroport d'Alger ponctuée par une salve d'applaudissements à l'endroit de l'équipage même s'ils ont été nombreux à regretter que le commandant de bord n'ait pas fait au micro de déclarations apaisantes une fois que l'avion s'est stabilisé dans son couloir aérien.