Projection d'un documentaire annulée sans motif ni préavis au Centre international de presse (CIP) ; une rencontre de troisième type à la Bibliothèque nationale avec El Habib Hachlaf, invité du café philosophique ; récital de Hassen Ahras à la salle El Mougar dans le cadre du quota d'artistes kabyles imaginé par l'Office de la culture et de l'information (ONCI, officiel) ; concert de Azzedine Meghrebi à la salle Ibn Zeydoun, « du chant marocain “taïwan“ », lance un jeune critique ; une salle Frantz Fanon fermée sur un cours isolé de guitare... Naseer Shamma, luthiste irakien, après avoir annulé son concert le 23 octobre dernier à la salle El Mougar, apparaît à la télévision nationale dans une conférence de presse depuis... Constantine pour parler des vertus de l'art et des artistes. C'est du moins le passage qu'a choisi de diffuser l'Unique, la speakrine annonçant que le luthiste allait se produire bientôt à Alger. Passer une soirée du Ramadhan à la recherche d'un spectacle dans la capitale est comme une partie de pêche à la ligne. Faire une prise n'est pas évident. Les embouteillages nocturnes sur les artères principales de la ville et la programmation approximative des organismes culturels, les abords du Monument du Martyr au Salembier offrent un indice de l'activité populaire. Les noceurs du Ramadhan rangent les voitures à l'extérieur. Là, les « loups gareurs » s'exhibent pour votre sécurité, les parkings souterrains du complexe Riadh El Feth étant réservés aux nantis. A l'intérieur du centre commercial, transformé en souk, les ménages se bousculent au milieu des barres de « cachir », de produits alimentaires divers et de colifichets. La destination semble être toute trouvée. Incontournable, la pâtrisserie traditionnelle s'expose à grand renfort d'amandes et de miel industriel. L'artisan pâtissier étale une gamme qui demeure folklorique. C'est ce qui marche le plus. 30 DA pour un morceau de Khbizet tounès (le fameux pain de Tunis !). C'est l'artisan lui-même qui a monté son stand avec le matériel fourni par l'Office Riadh El Feth. Au niveau 108 du centre commercial, à peine la dernière marche de l'escalier central qui vous y mène franchie, le stand phare de ce « salon » de la consommation : vigils en tenu de combat, une photo en grandeur pas nature d'une bouteille d'huile en arrière-fond. Vous êtes dans l'univers de l'huile de table, ezzit. Derrière le comptoir, un couple explique aux familles les dernières remises en date du groupe producteur, tableau illlustré à l'appuie. Passer commande, se munir du ticket puis entrer en possession de la sacrée bouteille, le tout sous le ragard musclé du vigil à l'affût de la moindre bousculade. A côté, le concert de Azzedine El Meghribi à la salle Ibn Zaydoun semble se dérouler dans un autre univers. Les sièges de la salle sont déserts. Les notes musicales n'ont pas la même saveur.