Tandis que se poursuit la magnifique exposition sur Baya au Musée national des Beaux-Arts, celui du Bardo vient d'inaugurer celle sur les bijoux et parures d'Algérie à travers l'histoire. Objets de séduction, de prestige, mais aussi de thésaurisation, venus des temps les plus reculés, ils constituent autant des œuvres d'art que des témoins expressifs des différentes époques. Ils montrent que la beauté s'est traduite par des critères parfois très différents au fil du temps, même si ses motivations profondes demeurent les mêmes. On sera étonné de découvrir que dans la préhistoire déjà, le besoin d'orner le corps humain était si présent. Sur les supports alors disponibles (fragments d'œufs d'autruches, coquillages…), ces premiers bijoux ont tenu « une place prépondérante dans la naissance de l'art nord-africain ». La période néolithique améliore les techniques et diversifie les matériaux : carapaces de tortues, ivoire et dents travaillés dans des symboliques liées à la peur des éléments naturels et aux rites funéraires. L'exposition permet ensuite de découvrir les richesses de l'antiquité, marquée par le passage des Phéniciens, l'influence carthaginoise et bien sûr, la longue présence romaine. Une période d'explosion des techniques, des matériaux et des styles. On croirait que tout a été inventé alors, hormis les styles et motifs. Or, argent, bronze, fer, plomb, pierres précieuses, semi-précieuses ou cristallines, telles que turquoise, perles, lapis-lazuli, saphir, corail, agate, quartz, etc. Une riche panoplie ouvragée avec finesse. Pour la période islamique, le musée donne à voir le fameux trésor découvert en 1967 dans la Qalaâ des Beni Hammad : 25 pièces en argent qui soulignent l'interaction raffinée entre l'art musulman et les expressions artistiques préexistantes. Les visiteurs peuvent alors découvrir toutes les variétés régionales anciennes encore vivaces. Semblables et dissemblables à la fois, elles dessinent la carte culturelle du pays dont les particularités s'intègrent dans un continuum artistique et éthique. Les bijoux des anciennes cités ouvertes au commerce méditerranéen soulignent les apports orientaux et occidentaux. Le bijou kabyle se distingue par l'usage de l'argent, l'émail cloisonné et les sertissures au corail. Celui des Aurès se reconnaît par ses formes arrondies et ses faces incurvées, le verre taillé et des compositions en plusieurs parties reliées par des chaînettes. Les bijoux des Hauts-plateaux resplendissent pour leur part de la sobriété « propre aux steppes », avec une richesse de formes qui évoque sa poésie populaire, simple, mais magnifique. L'univers du bijou saharien se décline à partir de l'aire culturelle targuie (moulages, incisions et poinçonnages en creux ou repoussés) et celle des oasis avec le M'zab et le binôme Touat et Gourara. Une belle exposition dans un cadre magnifique en plein cœur de la ville, et enfin, un catalogue qui vaut le coup d'œil. Musée national du Bardo. 3, rue Franklin Roosevelt, Alger. Samedi 14-17 h. Dimanche à jeudi : 9-12 h et 14-17h). Tél : 021 74 76 41. Exposition organisée dans le cadre « d'Alger, capitale de la culture arabe ».