Les pays du Maghreb sont devenus depuis quelques années une destination très prisée pour de nombreux investisseurs arabes originaires des pays du Golfe. Les raisons de cet intérêt pour l'Algérie, la Tunisie et le Maroc notamment sont à inclure, en premier lieu, dans le chapitre des bouleversements politiques et géostratégiques survenus au lendemain du 11 septembre 2001. L'onde de choc qui a secoué les Etats-Unis, mais aussi le reste du monde a fait volé en éclats l'excellence des relations économiques entre les puissants occidentaux et les riches pays arabes du Golfe. Ceux-ci menacés dans leurs intérêts aux Etats-Unis et en Europe, après le blocage de plusieurs fonds arabes dans les circuits financiers en Occident, au motif de lutter contre le financement du terrorisme et du blanchiment d'argent, ont poussé les détenteurs de capitaux à chercher des terrains plus favorables et plus " amicaux " à leurs investissements. Profitant d'une embellie financière sans précédent grâce à d'excellentes recettes pétrolières, et détenteurs d'un potentiel d'investissement estimé à plus de 500 milliards de dollars, les pays du Golfe se sont donc orientés, entre autres destinations arabes, vers le " lointain " Maghreb. Le Maroc, la Tunisie et l'Algérie ont ainsi bénéficié de nombreux projets dans les domaines des services, de l'immobilier et du tourisme. Face à cet intérêt, les trois pays à défaut de pouvoir offrir leurs potentialités en investissements dans un cadre organisé qu'est l'Union du Maghreb arabe (UMA), redoublent d'efforts, chacun de son côté, pour séduire les princes venus du Golfe. Ces derniers munis de centaines de milliards de pétrodollars fréquentent depuis quelque temps assidûment les aéroports nord-africains et témoignent d'une réelle volonté de se rapprocher des pays du Maghreb. Cinq milliards de dollars d'engagements arabes en Algérie En Algérie, le discours politique de plus en plus favorable à l'investissement arabe, conjugué aux changements survenus sur le front sécuritaire, et économique ont été perçus, par les investisseurs arabes, comme des signaux encourageants pour un engagement de capitaux dans des projets à portée économique et financière garantie. Les chantiers imposants visant une refonte quasi-totale du paysage économique, les potentialités touristiques, et les mesures juridiques prises en vue d'une sécurité renforcée des capitaux et un rapatriement garanti des bénéfices, dans le cadre du nouveau code de l'investissement, ont été aussi un signal fort intercepté à bon escient par les hommes d'affaires arabes. L'Algérie dont le programme d'investissement envisagé à l'horizon 2010 est évalué à près de 100 milliards de dollars, offre pour les investisseurs un marché intéressant aux portes de l'Europe, et des opportunités d'investissements dans des créneaux qu'affectionnent plus particulièrement les hommes d'afaires arabes. Il en est ainsi de l'investissement immobilier, du tourisme, de l'agroalimentaire, des nouvelles technologies et des services, des banques, des assurances, et notamment de la téléphonie qui a déjà capté l'intérêt des investisseurs arabes depuis quelques années. Ces créneaux devraient canaliser plus de 20 milliards de dollars appartenant aux pays arabes, estime-t-on dans les milieux d'affaires algériens. Pour l'heure, souligne-t-on par ailleurs, les engagements arabes pour 2007, en termes de projets à l'étude, sont évalués à 5 milliards de dollars, dans les secteurs des télécommunications, de l'immobilier et du tourisme. Des prévisions qui viennent conforter le chiffre de 6 milliards de dollars en investissements hors hydrocarbures réalisé en Algérie entre 2000 et 2006. L'attrait de l'Algérie est à expliquer aussi par les bons chiffres enregistrés dans le cadre du retour sur les investissements. Une situation favorable qui a permis par exemple à la société Orascom selon les données du Forum des chefs d'entreprises (FCE) de transférer plus de 600 millions de dollars de bénéfices. 28 milliards de dollars seront investis par Emaar en Algérie Parmi les projets d'investissements qui devraient être engagés en Algérie dans les prochaines années, il est à citer notamment ceux attribués au groupe Emaar qui a obtenu l' accord du gouvernement algérien pour des investissements estimés à 28 milliards de dollars sur plusieurs années. Parmi les projets les plus en vue on cite notamment celui de la restructuration urbaine d'Alger. Un ambitieux projet dont les maquettes ont été présentées par le président d'Emaar, Mohammed Ben Ali Al-Abbar personnellement au président Abdelaziz Bouteflika en juillet 2006. Les projets incluent notamment la construction de marinas, de bureaux et d'appartements de haut standing, d'hôtels de luxe et d'une "cité de la santé" sur le front de mer, ainsi qu'un réaménagement de la gare centrale d'Alger, la construction de trois tours de bureaux, d'un hôtel et d'un centre commercial. Parmi les projets qui ciblent l'Algérie, il faut citer aussi ceux inclus dans le programme du fonds d'investissement pour l'Afrique du Nord créé dernièrement et dont le président du conseil d'administration, M, Abdullah Yacoub Bisharah, a estimé que "le marché algérien recèle des opportunités importantes dans les divers secteurs d'activité. Le fonds doté d'une enveloppe de près de 180 millions de dollars s'intéresse ainsi notamment à la privatisation des banques publiques algériennes et cible aussi des projets dans les secteurs de l'immobilier, de l'industrie, des assurances et des banques, des télécommunications, ainsi que celui du tourisme et de l'hôtellerie.