Grâce au retour en force de l'Europe, qui a largement compensé le retrait des pays du Golfe, Les investissements directs étrangers au Maghreb ont augmenté de 5% sur un an en 2009, rapporte la dernière édition de l'hebdomadaire. Les Afriques. Selon le dernier rapport de l'observatoire Anima Investment Network, les investisseurs étrangers n'ont pas fui les pays du Maghreb en 2009. Ils ont été, en tout cas, beaucoup plus nombreux qu'ailleurs. Le rapport intitulé Investissements directs étrangers et partenariats dans les pays méditerranéens en 2009, révèle que les quatre pays maghrébins étudiés (Algérie, Libye, Maroc, Tunisie) ont attiré 8,7 milliards d'euros d'investissements directs étrangers (IDE) l'an passé, soit une progression de 5% par rapport à 2008. En nombre de projets annoncés, la région repasse au-dessus de la barre des 200 projets (219), contre 198 seulement en 2008. Selon les données de la conférence des Nations unies sur le commerce et de le développement (Cnuced), le Mahgreb s'avère ainsi l'une des régions qui ont résisté le mieux à la crise économique, puisque les IDE ont chuté en moyenne de 17% dans le bassin méditerranéen et de 35% à l'échelle mondiale. L'observatoire Anima note, toutefois, que la situation des pays du Maghreb n'est pas identique. Le Maroc devient la première destination des investisseurs étrangers au Maghreb, avec des flux nets d'IDE de 3,3 milliards d'euros en 2009, contre 2 milliards une année auparavant. Le rapport explique que "le royaume chérifien a récolté les fruits de sa politique industrielle très volontaristes". Ce volontarisme industriel s'est notamment matérialisé par la mobilisation de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) dans des joint-ventures pour la mise en œuvre de projets stratégiques, il cite, à titre d'exemple, l'usine Renault de Tanger Med, la zone franche de Kenitra et le complexe touristique de Chibka. Les plus gros projets annoncés au Maroc en 2009 concernent essentiellement les secteurs de la métallurgie, de l'énergie, de l'automobile, des télécoms, de la banque et du tourisme. A contrario du Maroc, l'Algérie a adopté au cours des deux dernières années des mesures contraignantes pour les investisseurs étrangers, en optant notamment à l'obligation de s'associer à un partenaire algérien à hauteur de 51 % du capital au moins. Malgré ce durcissement des conditions d'accueil des IDE, les capitaux étrangers investis dans ce pays ont atteint 2,5 milliards d'euros l'an passé, contre 1,5 milliard en 2008. Chose expliqué par la bonne forme du secteur des hydrocarbures. En revanche, en Libye, l'attrait qu'exerce l'or noir sur les investisseurs étrangers n'a pas suffi pour stimuler les IDE. Malgré les bonnes performances des secteurs de l'énergie et du BTP, le volume total des investissements étrangers annoncés en 2009 au pays a chuté de 49 % sur un an, pour s'établir à 1,6 milliard d'euros. Même chose pour la Tunisie qui a tout de même atteint ses objectifs fixés par son gouvernement, avec 1,3 milliard d'euros d'entrées de capitaux étrangers, elle n'a pas, elle aussi, échappé à une baisse de 34%. Cette baisse des flux des IDE dans ce petit pays est due à l'absence de gros projets, à l'exception du projet de marina lancé par le groupe émirati Emaar dans le golfe de Hammamet et l'attribution d'une licence de téléphone mobile de 3e génération à France Télécom. Selon toujours ce même rapport, la bonne résistance du Maghreb à la crise économique s'explique par le retour en force des investisseurs européens dans la région. Après avoir été écarté en 2006 -2007 par les pays du Golfe ambitieux de se convertir dans l'immobilier, le tourisme et la banque, l'Europe a récupéré, en 2009, sa position en devenant le premier investisseur au Maghreb, avec des engagements en croissance de 24 % en glissement annuel. En revanche, les pays du Golfe sont en retrait flagrant en raison de la crise de liquidité qui a failli les mener à la faillite. Bénédict de Saint-Laurent, délégué général de l'observatoire Anima a indiqué qu'"avec la crise, la proximité de la Méditerranée redevient un atout aux yeux des investisseurs européens à une époque de coût énergétique élevé et de recherche de main- d'œuvre bon marché". Selon lui, le discours sur l'Union pour la Méditerranée (UMP) semble avoir aussi des échos notamment en France, en Italie, et en Espagne, où cette nouvelle démarche jouit du soutien politiques.