Au lendemain de l'expédition d'extermination avec son cortège d'atrocités, perpétrées le 16 juin 1997 par les islamistes de GIA contre la population de Lakhouil, plus connue sous le nom de Louibda, entraînant la mort de 44 personnes entre femmes et hommes, et l'enlèvement de 4 jeunes filles, il n'a pas été fait cas de la quarantaine d'enfants en bas âge, qui ont assisté, impuissants, à la tuerie qui a ciblé leurs parents. Au lendemain de l'expédition d'extermination avec son cortège d'atrocités, perpétrées le 16 juin 1997 par les islamistes de GIA contre la population de Lakhouil, plus connue sous le nom de Louibda, entraînant la mort de 44 personnes entre femmes et hommes, et l'enlèvement de 4 jeunes filles, il n'a pas été fait cas de la quarantaine d'enfants en bas âge, qui ont assisté, impuissants, à la tuerie qui a ciblé leurs parents. Ces enfants qui, pour certains, ont atteint leur majorité, ne sont pas pour autant « libérés » de la nuit d'horreur. Partout et jusqu'à ce jour, les stigmates d'une enfance laminée, comme Hachemi Laziri, qui avait 6 ans la nuit du massacre de sa famille. Hachemi qui a aujourd'hui 20 ans, et tout en relatant les faits d'un air détaché, le visage sans expression et le regard fixe, nous a conduit machinalement dans sa voiture 404, à travers les champs, près de leur maison abandonnée depuis la nuit fatidique. Il racontait les faits qui ont ponctué cette nuit. Hachemi ne semblait pas digérer, à ce jour, l'état d'esprit dans lequel il se trouvait avec son frère Mustapha âgé de 8 ans, au milieu des champs dans une nuit éclairée comme un miroir. Souvenirs Clarté qui a permis de mémoriser la physionomie de l'un des assassins, debout au milieu de la cour où, son père, sa mère et ses trois frères gisaient inanimés. Celui-là même qu'il a rencontré, dernièrement, dans la ville de Djelfa et qui, dira-t-il, a bénéficié des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. Hachemi, devant leur maison abandonnée, s'était restitué momentanément dans le décor macabre de l'époque. Les cris de sa sœur de 18 ans déchiraient la nuit et troublaient la contrée paisible de Lekhouil. Elle suppliait ses bourreaux qui s'apprêtaient à l'enlever. « Nous avons couru, après coup, mon frère et moi, dans la nuit pour rejoindre la maison de mon oncle où il n'y avait personne. Ils avaient vu le massacre. Epuisés par l'horreur et la peur d'être seuls, nous nous sommes réveillés, le lendemain, dans un champ à mi-chemin entre notre maison et celle de mon oncle », a débité Hachemi d'un trait et qui donnait l'impression de vouloir surmonter les flux des souvenirs insoutenables. « Mon frère, Mustapha, dira-t-il, qui a à peine 18 ans, je ne sais pas s'il ne se souvient de rien de cette nuit comme il le dit ou bien il évite sciemment d'en parler. » Hachemi et Mustapha, qui ont été élevés par leur grande sœur, à Diar Chioukh, n'ont pas réussi dans leurs études ; le premier a échoué à deux reprises à l'examen du BEM et Mustapha n'a pas dépassé le cap de la 6e année. « On vit avec 2500 DA/mois », diront-ils. Dix années se sont écoulées depuis le massacre de Lakhouil le 16 juin 1997, ponctuées de différentes politiques gouvernementales, qui sont allées de la rahma jusqu'à la réconciliation nationale, en passant par la concorde civile, mais aucune n'a produit un quelconque effet, ni sur les familles attaquées par les terroristes et encore moins sur les enfants. Ces derniers, qui sont au jour d'aujourd'hui plus de 15 Rachid et Bahia Khorchi avaient 7 ans, Mustapha et Belkacem avaient respectivement 5 ans et 2 ans le jour du massacre de leur parents, leur cousin Brahim avait 2 ans et d'autres enfants Abdelkader, Zineb, Hadjira avaient le même âge dans la nuit du 16 juin. Ils ont aujourd'hui 18, 17, 15, 12 et 11 ans et continuent à vivre la tragédie, ravivée par l'indifférence ambiante qui n'est pas faite pour faire valoir leurs droits stipulés par les dispositions de la Convention internationale des droits de l'enfant, que l'Algérie a ratifiée. Parmi les familles, qui ont survécu, la mère Zakhroufa, qui a perdu son mari, tué le 16 juin, a enduré la tragédie avec ses trois filles, âgées de 10, 9 et 8 ans le jour du drame. Les enfants abandonnés à leur sort Elle a travaillé durement pendant cette décennie pour faire vivre ses fillettes dans la dignité mais dans de difficiles conditions. Les enfants rescapés du massacre, durant lequel ils ont perdu père et mère, n'ont eu le droit à aucune aide ou assistance spéciale. Ils continuent à vivre accrochés aux pans de leurs familles proches, alors que l'enfant, lit-on dans le préambule de cette Convention, en raison de son nom, manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d'une protection spéciale et de soins. Pour le cas de la contrée de Lekhouil, plus de 40 orphelins en bas âge, au lendemain du macabre forfait, qui pour certains ont atteint leur majorité et pour d'autres sont toujours enfants, vivent aujourd'hui avec des traumatismes psychiques qui ne sont pas faits pour engendrer des êtres équilibrés. Un imminent pédiatre dira à ce propos, pour les enfants qui sont des êtres en devenir : « C'est la construction de la personnalité qui est affectée de séquelles durables. C'est pourquoi la prise en charge des troubles psychotraumatiques de chaque jeune doit être précoce. » Ces enfants n'ont même pas bénéficié, ont soutenu leurs familles, de fournitures lors des rentrées scolaires et n'imaginent même pas l'existence d'une quelconque assistance psychologique. Ils ignorent, également, la Convention des droits de l'enfant en matière d'assistance, de protection, de sécurité sociale, desquelles les enfants victimes du massacre de Lekhouil, en ont été, jusqu'à cette date, privés le plus normalement du monde. Hachemi n'en finit pas de solliciter le droit à la sécurité sociale, en vain, quand bien même la convention le stipule dans son article 26. La ratification de cette Convention des droits de l'enfant par l'Algérie est-elle caduque ? Tout porte à le croire.